Henri Pichette

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète et auteur dramatique français (Châteauroux 1924 – Paris 2000).

Né d'un père d'origine québécoise et d'une mère nîmoise, il eut une enfance mouvementée et vagabonde. Il s'engage à 20 ans dans la Ire armée et fait la campagne du Rhin au Danube comme correspondant de guerre. Démobilisé, il rencontre Artaud et se lie aux surréalistes. Ses Apoèmes (publiés par M.-P. Fouchet en 1946, éd. définitive 1979) en portent la marque, et celle de leurs communs ancêtres, Lautréamont et Rimbaud. À son ami Gérard Philipe (dont la mort le laissa muet des années durant et pour qui il dressera un Tombeau de Gérard Philipe, en 1961) il dédie sa pièce poétique les Épiphanies, créée en 1947 (éd. définitive 1969) par Georges Vitaly, avec G. Philipe et Maria Casarès, « mystère profane » qui illustre la vie et la mort du Poète en tableaux contrastés : la Genèse, l'Amour, la Guerre, le Délire, l'Accomplissement. Leurs tirades lyriques, véritable « poésie en expansion » (Julien Gracq) écrite pour être hautement proférée, ont marqué l'avènement d'un nouveau théâtre, que Nucléa (1952), monté au T.N.P. par G. Philipe, n'a pourtant pas imposé, en dépit d'une même ambition poético-dramatique opposant « les Infernales » au « Ciel Humain ». Ses essais et manifestes (Rond-Point, Lettres arc-en-ciel, le Point vélique, 1950) annoncent une orientation vers une poésie militante que confirment les Revendications (1957), dédiées au soulèvement de Budapest. Pichette est revenu à un lyrisme individuel avec Odes à chacun (1961) et Dents de lait dents de loup (1962).