Ouzbékistan

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Si l'Ouzbékistan possède un antique patrimoine oral – chansons, contes, anecdotes satiriques ou latifas, dastans romanesques et épiques (Alpamych, Gorogly) –, c'est seulement à l'époque karakhanide (xie-xiie s.) qu'apparaît l'embryon d'une littérature turque d'Asie centrale : poésie didactique de Iousouf Balassagouni (xie s.) et d'Ahmad Iougnaki (xiie s.). Au xive s., la fondation de l'empire timouride s'accompagne, autour des capitales Samarkand et Hérat, d'un âge d'or qu'illustrent les poètes Dourbek, Loutfi (1367-1465) et que domine l'œuvre d'Ali Sçir Nevaî (1441-1501). Si, au xvie s., la poésie épique et lyrique (M. Salikh, Madjlissi) brille encore d'un grand éclat autour du conquérant-poète Baber (1483-1530), les guerres féodales des xviie-xviiie s. amènent un éclatement de la vie culturelle autour des centres de Ferghana, Khorezm, Boukhara, Khiva. C'est à la veille de la conquête russe (milieu xixe s.) qu'émergent dans la poésie des tendances modernes (Mounis Khorezmi, 1778-1829 ; Ogakhi, 1809-1874 ; Goulkhani, Makhmour), puis que se constitue une intelligentsia (Moukimi, 1851-1903 ; Fourkat, 1858-1909 ; Zavki, Avaz Otar) que tente parfois le nationalisme djadidiste. La révolution rallie un noyau d'écrivains démocrates (le poète Khamza, le Tadjik Aïni) qui seront les pères d'une littérature ouzbèke d'U.R.S.S., graduellement orientée vers les thèmes soviétiques, l'esthétique réaliste-socialiste, les genres européens : poésie (G. Gouliam, Alimdjan, Cheïkhzade, Mirtemir, Zoulfia) ; théâtre (K. Iachen, B. Rakhmanov, Ouïgoun) ; roman (Aïbek, Aïdyne, A. Kadyri, A. Kakhkhar, Ch. Rachidov, P. Kadyrov, A. Moukhtar).