Elias Lönnrot

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Folkloriste et poète finlandais de langue finnoise (Sammatti 1802 – id. 1884).

Médecin intéressé par le folklore, il entreprit de nombreuses expéditions en Carélie orientale (relatées dans ses Mémoires, 1902-1952) pour recueillir des poésies populaires à partir desquelles il créa le Kalevala : l'édition définitive, qu'il publia en 1849, comprenait 50 runot et 22 795 vers. Élevée, dès sa parution, au rang d'épopée nationale, cette œuvre, qui marqua de son empreinte toute la vie culturelle de son pays, inspira notamment le dramaturge Aleksis Kivi, le peintre Gallen-Kallela et le compositeur Sibelius. Contrairement à la plupart des épopées populaires de ce genre, le Kalevala est un récit relativement pacifique ; il célèbre les hommes du Nord luttant contre la nature, et glorifie les vertus familiales et la sagesse en même temps que la puissance et la magie créatrice du Verbe. Les héros du Kalevala sont des hommes doués de pouvoirs extraordinaires : Lemminkäinen, jeune et vaillant séducteur, qui accomplit des exploits pour conquérir la vierge de Pohjola (le Nord), descend aux enfers et tombe au bord du fleuve de Tuonela (le Styx), mais est ressuscité par sa mère ; Ilmarinen est le forgeron qui fabrique le sampo, objet magique qui devait apporter le bonheur aux peuples, mais les entraîna dans la guerre ; Väinämöinen est un barde et un chaman qui se sert de la puissance du Verbe pour charmer les éléments. Le Kalevala reflète une société déjà évoluée où le culte d'un dieu unique, Ukko-Ylijumala, était en communion étroite avec celui de la nature.

La Kanteletar (1840) est un recueil de poésie lyrique, qui, par son contenu et par son style, témoigne qu'à l'origine des femmes en étaient les auteurs. La première partie distingue les « chants de tout le monde », des « chants de mariage », « des bergers » et « des enfants ». Dans la deuxième partie, les poèmes sont classés selon des sujets adaptés aux jeunes filles (solitude, esclavage, pauvreté), aux femmes mariées (berceuses, attente), aux jeunes hommes (projets de mariage, départ du foyer) aux hommes mariés (à l'étranger, à la guerre, à la chasse). La troisième partie contient de brefs récits épiques et historiques originaires de la Finlande occidentale.

Il publia également des Devinettes (1833) et des Proverbes du peuple finnois (1842). Fondateur de la première revue finnoise, l'Abeille (1836-1840), il enseigna la langue finnoise à l'université d'Helsinki (1852-1862), et consacra sa retraite à un Diction– naire finno-suédois (1866-1880) qui comporte 200 000 mots.