les Hussards

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Les Hussards ne sont pas une école ni un mouvement à manifeste, mais un groupe d'écrivains et d'amis qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont exprimé à leur manière le désespoir lucide d'une génération désenchantée. Contre un certain conformisme didactique et militant de l'époque – l'humanisme, l'existentialisme (Paul contre Jean-Paul de J. Laurent, 1951), la notion d'engagement –, ils cultivent l'humour, l'insolence, la désinvolture des manières et du style, et insistent sur la gratuité du métier des lettres, prenant la vie à bras le corps – « à la hussarde », c'est-à-dire vite et violemment. Le dandysme esthète qu'ils affichent, s'il peut choquer, dit aussi leur amour d'absolu et de pureté, fût-il illusoire. Classés dans la catégorie des écrivains de droite, ils se proposent des modèles (Stendhal, Gobineau, Morand, Bernanos – « le grand d'Espagne » selon Nimier –, André Fraigneau) et se reconnaissent un chef de file, Nimier, empruntant leur nom au titre de son roman le Hussard bleu (1950). Michel Déon, le père du « jeune homme vert », Antoine Blondin, Jacques Laurent, Kléber Haedens, Félicien Marceau et son « insolente liberté » ont ainsi préfiguré, par le refus nostalgique de leur époque, le « néoromantisme » des années 1970-1980. Sous leurs dehors légers, ces jeunes gens en colère, ou bien secrètement lassés, ont donné des exemples d'un style classique à la française, abouti et efficace.