José Hernández

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète argentin (San Martín 1834 – Buenos Aires 1886).

Né dans une famille poursuivie par le dictateur Rosas, il fut d'abord soldat avant d'obtenir un poste au Sénat. Il dirigea le journal El Argentino, tribune des adversaires de B. Mitre ; l'arrivée de celui-ci au pouvoir le contraignit à se réfugier en Uruguay. De retour en Argentine, il s'opposa au président Sarmiento et dut à nouveau s'exiler, cette fois au Brésil, avant de regagner définitivement sa patrie, où il devint député provincial, puis sénateur. Ce personnage à la vie mouvementée doit sa renommée littéraire à son Martín Fierro, épopée sur la vie des gauchos et véritable poème national, chef-d'œuvre du genre écrit en deux temps, El Gaucho Martín Fierro (1872) et le Retour de Martín Fierro (1879). Entre les deux parties, il existe toutefois de grandes différences thématiques. La première (2 316 octosyllabes répartis en 13 strophes) présente un gaucho traditionnel, qui chante en s'accompagnant de sa guitare son affrontement avec des pouvoirs publics limitant sa liberté ; la seconde partie (4 894 octosyllabes répartis en 33 strophes), au contraire, montre son assimilation à une société qui a radicalement changé durant les sept ans qui la séparent de la première. L'Argentine s'est en effet mise en marche vers la modernisation, et le gaucho doit s'adapter – ou disparaître. En revanche, la société doit lui permettre de s'intégrer à elle, car il est porteur d'une grande part de l'essence de l'Argentine. Le gaucho, héros de quantité d'œuvres antérieures, est ici transcendé par un auteur qui en connaît parfaitement la vie et la psychologie : Hernández a réussi un portrait nuancé et précis du représentant d'un groupe social à son déclin, et qui jusque-là avait plutôt été caricaturé que peint. La renommée de son Martín Fierro a malgré tout occulté l'intérêt de sa Vie de Chacho (1863) ou de son Instruction du fermier (1881).