Nathaniel Hawthorne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain américain (Salem, Massachusetts, 1804 – Plymouth, New Hampshire, 1864).

L'œuvre d'Hawthorne dessine le « power of blackness » propre à la littérature puritaine. La situation de l'écrivain est, comme l'a noté Henry James, paradoxale : attaché à une tradition, confondu avec la terre de ses ancêtres, il sait qu'aucune réalité ne lui est définitivement donnée et il s'attache, en un projet quasi généalogique qui appelle l'inévitable notation du mal, à restituer, dans le vide américain, l'image d'une identité culturelle devenue inopérante. De l'autobiographique Fanshawe (1828) aux essais sur l'Angleterre (Notre vieux foyer, 1863) et au cosmopolite Faune de marbre (1860), rien n'efface les constats des Contes racontés deux fois (1837) : le quotidien puritain même fait défaut. Les souvenirs de Brook Farm nourrissent une évocation critique de l'expérience transcendantaliste (le Roman de Blithedale, 1852), tandis que le séjour à Concord suscite un livre de mémoires et de parentés imaginaires (les Mousses du vieux presbytère, 1846). L'œuvre se constitue véritablement avec la Lettre écarlate (1850), roman de Salem, capitale du puritanisme, où le postulat du péché appelle la tragédie du remords : le système symbolique se fonde sur l'ambivalence de la lettre A (pour « adultère ») que l'héroïne porte cousue sur sa robe et renvoie aux ambiguïtés fondamentales du langage et de la pensée. Le roman reprend les prescriptions morales en même temps qu'il les retourne pour suggérer un droit à la passion qui est un droit de vie. La Maison aux sept pignons (1851) dit la malédiction héréditaire, mais le mal arrive à trouver son opposé et la généalogie, promesse d'avenir, dessine la rédemption. L'œuvre apparaît ainsi, indirectement, comme un traitement des débuts de l'histoire américaine : l'évidence du mal ne peut s'accorder à la certitude du temps et de l'espace ; la claustration puritaine est une claustration caduque. Il faut récuser les juges qui exposent le droit du bien, non parce que le bien est récusable, mais parce que sa loi reste indicible.