Pierre Guyotat

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Bourg-Argental, Loire, 1940 – Paris 2020).

Rédacteur littéraire au Nouvel Observateur (1964-1965), proche du groupe Tel Quel après mai 68, il est remarqué pour Tombeau pour 500 000 soldats (1967), inspiré de son expérience de la guerre d'Algérie. Éden, Éden, Éden (1971), considéré comme pornographique, est censuré jusqu'en 1981 mais lui vaut l'appui de M. Leiris, de P. Sollers, de R. Barthes et de M. Foucault. Suivront Prostitution (1975), le Livre (1984), Progénitures (2000), expériences limites d'un subversion radicale des valeurs bourgeoises et de la littérature humaniste (rhétorique, psychologie, réalisme référentiel), au profit de la matière et du corps : « Quand je faisais encore de la "littérature", je n'utilisais pas mes fonctions organiques [...]. Si l'on considère que faire de l'art, c'est intervenir sur la nature, alors il faut y donner du corps » (Explications, 2000). Guyotat invente un langage qui tient du halètement et du râle, un chant organique dédié à une sexualité originelle et mythique omniprésente, développe au fil de son œuvre une épopée sans histoire ni personnage de la violence et de la transgression dont le « putain », esclave à mi-chemin entre l'homme et l'animal, est la figure emblématique.