Vassili Semionovitch Grossman

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain russe (Berditchev 1905 – Moscou 1964).

Il écrivit d'abord des récits en accord avec l'idéologie officielle, souvent de qualité, sur la guerre civile (le Rêve, 1935 ; Quatre Journées, 1936) ou les origines du bolchevisme (Stépane Koltchouguine, 1937-1940). Correspondant au front, il écrit des articles très appréciés et un roman (Le peuple est immortel, 1942). Auteur du premier ouvrage littéraire sur les camps de concentration, l'Enfer de Treblinka (1944), il participe au Livre noir sur le sort des Juifs soviétiques pendant la guerre. Menacé pendant la campagne antisémite des blouses blanches, il cesse de publier, se consacrant entièrement à l'écriture de Vie et destin. Ce roman, terminé en 1960 mais édité pour la première fois en 1980, à Lausanne, fait de lui un écrivain d'envergure mondiale. L'action se déroule pendant la bataille de Stalingrad et met en scène, avec une volonté d'élargissement maximal, tous les acteurs de cette période. La force du livre est de mettre face à face, avec une audace impensable à l'époque, les deux régimes totalitaires, dans une réflexion sur le mal absolu. Il s'organise, avec des ramifications complexes, autour de destinées individuelles, racontées avec vérité et authenticité. Le roman, proposé à l'édition, est confisqué ; Grossman, mis ainsi sous le boisseau, ne s'en relèvera pas, même s'il poursuit sa méditation sur le totalitarisme dans Tout passe (1955-1963) ; ce récit moins dramatique, d'inspiration plus philosophique, sur les camps est le premier ouvrage à dénoncer le rôle de Lénine.