Yehudah Leib Gordon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain russe d'expression hébraïque (Vilna, Lituanie, 1830 – Saint-Pétersbourg 1892).

Disciple d'Adam Ha-Cohen, c'est la figure dominante de la Haskalah russe. Après des études juives traditionnelles, il s'approcha des maskilim. Après avoir obtenu le diplôme d'instituteur du séminaire rabbinique de Vilna, il enseigna pendant une vingtaine d'années (1853-1872) dans de petites villes où il fonda et dirigea des écoles pour garçons et filles ce qui fut audacieux pour l'époque. Dans ces bourgades conservatrices, il trouva l'inspiration de ses satires et s'engagea dans des polémiques avec les rabbins. En 1872, il fut nommé secrétaire de la communauté juive de Saint-Pétersbourg où il poursuivit son œuvre littéraire et continua à militer pour la propagation de la culture parmi les Juifs. De 1880 à 1888, il participa à l'équipe de rédaction de l'hebdomadaire hébreu Ha-Melis et y publia de nombreux articles, feuilletons et contes. Ses dernières années furent assombries par la vague de pogroms et de mesures répressives qui frappèrent les Juifs après l'assassinat d'Alexandre II en 1881. Ainsi Gordon, qui a appelé ses frères à s'ouvrir au monde extérieur, à répondre favorablement aux réformes proposées par Alexandre II au début de son règne (Réveille-toi mon peuple, la Voie de mon peuple), qui a lutté contre le conservatisme des rabbins dans des articles et des satires dont les plus célèbres sont l'Apex d'un yod, Pour un essieu de roue, Tu te réjouiras le jour de la fête, finit par s'inquiéter de voir autant de jeunes aller trop loin dans la voie qu'il leur avait tracée et quitter le judaïsme sans réussir à concilier leur double condition de Juifs et d'hommes (Pour qui me donné-je tant de peine ?). On lui doit aussi des fables inspirées de Krylov et de La Fontaine et des traductions (Byron).