Annie Ernaux

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancière française (Lillebonne 1940).

Des Armoires vides (1974) à la Honte (1997) en passant par Ce qu'ils disent ou rien (1977), la Femme gelée (1981), la Place (prix Renaudot 1984), Une femme (1988) et l'Événement (2000), elle décrit, sans déploration mais avec une précision chirurgicale, la banalité d'une expérience commune : au fond du café-épicerie de ses parents, une adolescente échappe, avec une culpabilité douloureuse, aux déterminismes familiaux en accédant à la culture littéraire grâce à l'école. Sa langue toute en litotes et en ellipses explore et superpose les différents registres de l'oralité, populaire et distinguée. Dans ses derniers textes (Passion simple, 1992 ; Se perdre, 2001), Annie Ernaux se fait la diariste de plus en plus minimaliste et impudique de son expérience amoureuse, dans des « récits-vrais » sans concession, dont le style épuré se veut sans détours ni dérision protectrice au plus près des émotions et des sensations douloureuses.

En 2022, elle reçoit le prix Nobel de littérature pour « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle ».