Jean Echenoz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancier français (Orange 1947).

Depuis le Méridien de Greenwich (1979), ses romans revisitent l'héritage du nouveau roman, mais aussi les imaginaires familiers et les codes narratifs, dont ils soulignent les artifices, des romans policier (Cherokee, prix Médicis 1983), d'aventures (l'Équipée malaise, 1987) ou d'espionnage (Lac, 1989). Amateur de jazz, il pratique avec virtuosité l'art de la « reprise » décalée par de fécondes dissonances : syntaxe pleine de surprises, enchaînements désinvoltes, prolifération des rebondissements, pauses descriptives ou méditatives, narrateurs instables et ironiques. Cette virtuosité exhibée ne doit toutefois pas occulter une dimension de contestation : Echenoz peint un monde violent où manipulation et prédation sociale sont la règle et où des personnages peu intégrés s'inventent des lignes de fuite aux dimensions de la planète (Un an, 1997 ; Je m'en vais, prix Goncourt 1999). Son écriture, nourrie par un long travail de documentation, restitue le fond sonore collectif et anonyme des médias (Nous trois, 1992), explore les stéréotypes visuels et langagiers de notre époque (les Grandes Blondes, 1995) pour mettre en évidence la vacuité du sens sous la prolifération incontrôlée des signes.