Theodore Dreiser

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Romancier américain (Terre Haute, Indiana, 1871 – Hollywood 1945).

Journaliste issu de milieux d'immigrés allemands, il démontre dans son travail une aptitude à noter le mouvement social : Soeur Carrie (1900), histoire d'une fille pauvre qui accède aux honneurs de la scène, Jennie Gerhardt (1911), sur l'émancipation économique et sexuelle de la femme, le Financier (1912) et le Titan (1914), peintures de la lutte pour la vie, le Génie (1915), histoire de la faillite d'un surhomme, Une tragédie américaine (1925), portrait d'un assassin. Dreiser présente la peinture de l'Amérique à l'âge industriel, suivant une inspiration déterministe et épique, venue de Darwin, Spencer, Thomas Huxley et Balzac. Le réalisme naît de l'évidence du changement historique. Le jeu de la réussite et de l'échec désigne un seul coupable : la société. Prisonnier d'un tel spectacle, l'écrivain doit dire le laid et le trivial. Ces contraintes n'excluent cependant pas le pathos : l'individu vaincu conserve une grandeur par son aptitude à sonder la vérité du rêve américain. La notation déterministe ne se sépare pas d'un nietzschéisme qui unit image de la puissance et idéalisme. Dreiser impose l'image d'un écrivain étranger à tout sens du décorum, capable ainsi de dire les États-Unis tels qu'ils sont. Voyageur à quarante ans (1913), Un livre sur moi-même (1922), Aube (1931) sont des livres de mémoires où l'aventure intellectuelle et la lucidité ne se séparent pas de la dénonciation du puritanisme. Un voyage en Russie (Dreiser en Russie, 1928) et un reportage sur les États-Unis de la crise économique (Tragédie américaine, 1931) motiveront l'adhésion de Dreiser au parti communiste.