Dokumentarliteratur

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La « littérature documentaire » est née dans les années 1920 en U.R.S.S. (Tretiakov et le groupe LEF). De là, elle a gagné l'Allemagne (Piscator, la littérature prolétarienne) et même les États-Unis. Engagée à gauche, elle fait appel au document authentique dans un but d'information et d'agitation politique, pour dénoncer l'oppression et l'injustice sociale, le fascisme, le colonialisme et appeler à la lutte. Mais l'utilisation du document brut ne pose pas seulement des problèmes esthétiques, elle peut nuire aussi à l'efficacité souhaitée. En fait, l'acte créateur de l'artiste intervient toujours pour arranger les documents ou, au moins, pour les sélectionner et les « monter » à des fins didactiques. Le courant documentaire est représenté en poésie par E. Fried et H. M. Enzensberger. Pour la prose, on peut distinguer les interviews (E. Runge), les documentations (F. C. Delius, R. Lettau, A. Kluge) et les reportages (G. Wallraff et les auteurs du Werkkreis). Au théâtre, tandis que R. Hochhuth (le Vicaire, 1963) utilise encore des documents comme un auteur de drames historiques, H. Kipphardt (l'Affaire Oppenheimer, 1964) ou P. Weisse (dans son oratorio sur le procès d'Auschwitz, 1965) mettent directement en scène les événements (procès) historiques et utilisent largement le texte authentique des débats. La Dokumentarliteratur est une tentative pour continuer à écrire après la « mort de la littérature » proclamée en 1968 par H. M. Enzensberger.