la Chronique abrégée

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Les grandes chroniques royales éthiopiennes fournissent les annales détaillées de la monarchie depuis le xive s., mais elles n'existent pas pour chaque règne et varient considérablement d'importance et de caractère de l'une à l'autre. La Chronique abrégée offre, au contraire, un récit continu de toute l'histoire éthiopienne, en remontant jusqu'aux origines mythiques de la dynastie « salomonide ». Les notices sont très brèves jusqu'au xvie s. et s'étoffent ensuite pour constituer une véritable chronique au jour le jour à partir du règne de Iyasu ier (1682-1706). L'œuvre a probablement été composée au milieu du xviiie s. par des compilateurs, mais elle n'est nullement un abrégé des anciennes chroniques royales dont elle diffère souvent fortement. Elle provient d'une autre source : la tradition orale ecclésiastique conservée plus particulièrement par les moines qui constituent le milieu lettré et savant où s'est élaborée la littérature éthiopienne. Ce n'est pas un texte clos, puisque certains manuscrits la prolongent jusqu'à la fin du xixe s. et que d'autres y ont interpolé des adjonctions importantes, notamment un traité du cérémonial de cour (le Ser 'ata Mangest) et un bref roman sur la chute des Zâgwê (la Richesse des rois). Dans cette perspective, il serait donc plus juste de parler de « chroniques abrégées ».