Père

Apa

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Chronique d'István Szabó, avec Miklós Gábor (le père), Dániel Erdélyi (Takó enfant), András Balint (Takó), Klári Tolnay (la mère), Zsuzsa Rátonyi (la mère, jeune fille), Katalin Sólyom (Anni).

  • Scénario : István Szabó
  • Photographie : Sándor Sára
  • Décor : Béla Zeichán
  • Musique : János Gonda
  • Montage : János Rózsa
  • Pays : Hongrie
  • Date de sortie : 1966
  • Son : noir et blanc
  • Durée : 1 h 35
  • Prix : Grand Prix, Moscou 1967

Résumé

Le jeune Takó est élevé dans la mémoire de son père, mort durant le siège de Budapest en 1945. À partir de souvenirs personnels et d'objets reliques (montre, lunettes, stylo et manteau de cuir), il s'invente un père héroïque dont il raconte les exploits. Son imagination transforme le défilé du 1er Mai en une manifestation à la gloire de ce père exceptionnel dont la photographie recouvre les portraits géants de Staline. Les événements de 1956 provoquent son premier doute vis-à-vis des « héros positifs ». La rencontre d'Anni – étudiante juive dont le père est mort en déportation – accélère sa prise de conscience. Le décalage entre son rapport au père – mythique et extraverti – et celui d'Anni – tragiquement réel et refoulé – le tire de son rêve. Il enquête, interroge des témoins qui se souviennent d'un médecin dévoué et non d'un héros. La réalité chasse l'image idéalisée du père.

Commentaire

Sous l'anecdote, István Szabó montre la création de mythes sociaux nécessaires à sa génération orpheline, en mal de père et qui a eu besoin de s'identifier aux figures emblématiques de la Résistance et des dix premières années de l'après-guerre. Après l'Âge des illusions, Père – parabole feutrée sur le culte de la personnalité – démystifie avec humour et nostalgie une époque confuse et douloureuse pour les Hongrois. Sans être directement autobiographique, ce travail de deuil est une autre version de la perte des illusions.