Autant en emporte le vent

Gone With the Wind

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des films ».

Drame romantique et historique de Victor Fleming, assisté de Sam Wood et George Cukor, avec Vivien Leigh (Scarlett O'Hara), Clark Gable (Rhett Butler), Olivia De Havilland (Melanie Hamilton), Leslie Howard (Ashley Wilkes), Hattie McDaniel (Mammy), Thomas Mitchell (Gerald O'Hara), Barbara O'Neil (Ellen Robillard O'Hara).

  • Scénario : Sidney Howard, d'après le roman de Margaret Mitchell
  • Photographie : Ernest Haller, Lee Garmes, Ray Rennahan, Wilfrid M. Cline
  • Décor : William Cameron Menzies, Lyle Wheeler, Joseph B. Platt, Edward G. Boyle
  • Costumes : Walter Plunkett
  • Musique : Max Steiner
  • Montage : Hal C. Kern, James E. Newcom
  • Production : David O. Selznick (M.G.M.)
  • Pays : États-Unis
  • Date de sortie : 1939
  • Son : couleurs
  • Durée : 3 h 40
  • Prix : Oscars 1939 : meilleur film, meilleur metteur en scène (Fleming), meilleure actrice (Vivien Leigh), meilleure actrice de second rôle (Hattie McDaniel), Scénario (Howard), Photographie (Haller, Rennahan), Décors (Wheeler, Menzies)

Résumé

L'aristocratie géorgienne au moment où éclate la guerre de Sécession (1861). Belle, passionnée, égoïste, Scarlett O'Hara aime Ashley Wilkes, promis à la douce Melanie Hamilton. Mariée par dépit, aussitôt veuve, Scarlett flirte avec le capitaine Butler, qui reconnaît en elle un esprit libre, parent du sien. Malgré l'héroïsme des Confédérés, la guerre tourne à l'avantage du Nord. Sherman assiège Atlanta, qui est la proie des flammes. Réfugiées dans ce qui reste de Tara, la plantation familiale, Scarlett et Melanie donnent la mesure de leur énergie. Après la guerre, toujours éprise du velléitaire Ashley, Scarlett se remarie par intérêt, exploite une scierie, est veuve une seconde fois, épouse enfin Rhett Butler. Malgré la naissance d'une petite fille, le couple ne tarde pas à se déchirer. Melanie meurt, laissant Ashley désemparé. Rhett reprend sa liberté ; Scarlett, un instant prostrée, décide de se consacrer à Tara.

Commentaire

La couleur du mythe

Autant en emporte le vent part d'un mythe (le Vieux Sud), fait mine, à l'aide du personnage de Rhett Butler, de le détruire, puis s'emploie, avec celui de Scarlett O'Hara, à le reconstruire. En quoi le film se conforme à une réalité historique, celle de l'érection même du mythe sudiste : c'est la défaite militaire des Confédérés qui, transformant la Cause en cause perdue, lui donna l'aura séductrice de la nostalgie. Rhett Butler, dont l'anticonformisme contraste avec la mollesse du « chevaleresque » Ashley Wilkes, critique les caprices de Scarlett ; en dernière analyse, pourtant, le film célèbre d'abord la jeune femme, moins insupportable qu'indomptable, et son interprète Vivien Leigh, aux yeux de porcelaine et à la taille serpentine. Si l'œuvre reste admirable, elle le doit, en même temps qu'à cette interprétation inspirée, à la splendeur de son chromatisme, à sa palette de jaunes vifs, de velours verts, d'escaliers écarlates et de pommettes cramoisies qui disent le luxe provocateur du Sud, son goût du paraître et du gaspillage, mais aussi la passion qui anime l'héroïne, le sang chaud qui court sous la carnation laiteuse.