tchèque

Langue slave occidentale parlée par environ 10 millions de locuteurs dans la République tchèque (Bohême, Moravie), où elle est langue officielle.

Le tchèque s'écrit grâce à l'alphabet latin complété par des signes diacritiques placés au-dessus de certaines lettres. Il fut fixé en tant que langue littéraire par Jan Hus (De orthographia bohemica, vers 1410) et les Frères moraves. Après la défaite de la Montagne Blanche (1620), il recule devant l'allemand ; sa renaissance date de la fin du xviiie s. avec le réveil du sentiment national.

LITTÉRATURE

La destruction de la Grande-Moravie (xe s.) aboutit à la séparation de la Slovaquie et des pays tchèques. Les premiers documents au xe s. et au xie s. sont des cantiques, des légendes en vers, suivis de la fondamentale Cronica Boëmorum de Kosmas. Le tchèque n'apparaît véritablement comme langue littéraire qu'au xiiie s. Au xive s. paraissent des œuvres originales comme la patriotique Chronique de Dalimil, des poèmes satiriques, allégoriques, didactiques, tel le Tisserand, chef-d'œuvre de la prose écrite en vieux tchèque, ou les œuvres morales et théologiques de T. de Štítné et de P. Chelčiký, que domine Jan Hus dont les ouvrages en latin et en tchèque préparent la Réforme en Bohême. La Renaissance est représentée par de nombreux poètes érudits, tel J. Blahoslav, inspirateur de la célèbre Bible de Kralice (1579-1593), qui restera pour longtemps la norme linguistique. Outre des récits de voyages et des divertissements, on citera les Mémoires de Karel de Žerotín.

La défaite de la Montagne Blanche (1620) et la Contre-Réforme entraînent l'exil de nombreux écrivains, comme l'humaniste J. A. Comenius. Avec la germanisation de la Bohême, la production littéraire se réduit à des œuvres religieuses ou de colportage et à des chansons populaires, avant de renaître, vers la fin du xviiie s., grâce aux lexicologues J. Dobrovský et J. Jungmann. Le sentiment national s'exprime en poésie avec J. Kollár (la Fille de Sláva, 1824), F. L. Čelakovský, K. J. Erben, K. H. Mácha (Mai, 1836) et, en prose, avec le satiriste K. Havlíček-Borovský et les écrivains J. K. Tyl, Božena Němcová.

Après l'Histoire de la nation tchèque de F. Palacký, qui reste un modèle de style, la période 1860-1880 est dominée par la personnalité de J. Neruda et marquée par l'apparition de la science-fiction tchèque (J. Arbes). La génération suivante se partage entre les nationalistes (S. Čech, A. Jirásek) et les « cosmopolites » (J. V. Sládek, J. Zeyer, J. Vrchlický).

À la fin du xixe et au début du xxe s., les lettres tchèques sont illustrées par le philosophe T. G. Masaryk, le critique F. X. Salda, les poètes J. S. Machar, P. Bezruč, O. Březina, A. Sova, J. Deml, K. Toman, V. Dyk, S. K. Neumann et F. Šrámek, également romancier et dramaturge. Les romanciers sont réalistes (J. Holeček) ou naturalistes (K. J. Čapek-Chod). Consacrée aux « témoignages » sur la Première Guerre mondiale (V. Vančura, J. Hašek, créateur de Švejk), la littérature connaît entre les deux guerres un essor impressionnant qu'illustrent l'avant-gardisme de K. Teige, le « structuralisme littéraire » de J. Mukařovský, la poésie prolétarienne de J. Wolker et le « poétisme » de J. Seifert (prix Nobel 1984) et V. Nezval, que ce dernier orientera vers le surréalisme. Parmi les écrivains marquants de la même période, mais qui ne se recommandent d'aucune école particulière, citons les poètes J. Hora, F. Halas, V. Holan, F. Hrubín, les prosateurs K. Čapek et son frère, également peintre, le styliste J. Durych, les adeptes du roman psychologique I. Olbracht, J. Glazarová et E. Hostovský et du roman social M. Majerová et K. Poláček. Le théâtre a pour représentants K. et J. Čapek ainsi que le célèbre tandem d'auteurs-acteurs, J. Voskovec et J. Werich. Un grand nombre d'entre eux seront exécutés ou exilés durant la Seconde Guerre mondiale. Si l'Occupation et la Résistance constituent les thèmes principaux des écrivains d'après 1945, l'arrivée au pouvoir des communistes (1948) instaure le « réalisme socialiste », aux dépens de tous les genres existants, provoquant ainsi la fuite vers l'Occident de certains écrivains (Hostovský, F. Peroutka, J. M. Kolár, I.+Blatný), l'emprisonnement ou la censure (Durych, Langer, Holan, Kolář, J. Zahradníček, Teige). La littérature officielle est alors représentée par Nezval, Majerová, Glazarová, J. Drda, et des « jeunes engagés » comme P. Kohout. Le « dégel » s'annonce avec des poètes tel J. Šotola, le dramaturge V. Havel et des romanciers comme J. Škvorecký ou M. Kundera. Durant les années 1960, les écrivains analysent les événements contemporains en privilégiant l'individu et ses conflits intérieurs. Le dégel, qui s'accompagne d'une période de réhabilitation, se poursuit avec B. Hrabal et L. Vaculík. Après le « printemps de Prague » (1968), cette libéralisation est enrayée par l'invasion et l'occupation soviétiques, suivies d'une stricte « normalisation », entraînant le retour au réalisme socialiste qui débouche sur une nouvelle scission entre les écrivains officiels (V. Závada, J. Kozák, I. Skála), tolérés (Sotola), peu conformistes (V. Páral, Hrabal). Tandis que Holan retourne au silence, Seifert publie dans la clandestinité, suivi en cela par les « interdits » (A. Hoffmeister, J. Kostohryz, O. Mikulášek, Z. Rotrekl, J. Procházka, Vaculík, J. Hiršal, J. Skácel, K. Šiktanc, I. Klíma, A. Kliment, J. Trefulka, les auteurs dramatiques Pavliček, Topol et Havel, les critiques et théoriciens littéraires V. Effenberger, V. Černaý, M. Červenka). Quant à la littérature d'exil, elle est représentée par J. Kolář, Kundera, Kohout, V. Fisch, I. Jelínek, Škvorecký, I. Diviš, A. Lustg, J. Beneš, I. Fleischmann, P. Král, J. Vladislav, O. Filip, J. Gruša et A. J. Liehm.

Pour en savoir plus, voir l'article littérature tchèque.

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