régences de l'histoire de France

Les premières régences que l'on rencontre dans l'histoire de France furent celles de Brunehaut en Austrasie, pendant la minorité de Childebert II, et celle de Frédégonde, en Neustrie, pendant la minorité de Clotaire II, l'une et l'autre troublées de désordres ; elles eurent pour résultat d'amoindrir la royauté mérovingienne et de préparer l'élévation des maires du palais.

Après la mort de Dagobert Ier, la reine Nantilde, sa veuve, eut la régence de ses deux fils, Sigebert III et Clovis II ; mais les maires Pépin et Ega annihilèrent son autorité et gouvernèrent, celui-ci en Bourgogne et en Neustrie, au nom de Clovis, celui-là en Austrasie, au nom de Sigebert. À partir de ce moment, l'histoire de la race de Mérovée ne présente plus qu'une suite non interrompue de régences, jusqu'au moment où Pépin le Bref prit la place de Childéric III. L'époque carolingienne ne rencontre qu'une seule régence, celle de Gerberge, veuve de Louis d'Outremer, pendant la minorité de Lothaire.

La dynastie capétienne connut treize régences. À mesure que l'autorité monarchique s'affermit, les régences, qui marquaient un affaiblissement momentané du pouvoir, furent souvent mises à profit par les féodaux pour tenter de paralyser l'État. Parfois intervinrent d'autres causes de troubles qui font en général des régences des périodes de crise dans l'évolution de la monarchie. La première eut lieu pendant la minorité de Philippe Ier, qui, n'ayant eu que huit ans à la mort de son père, fut placé sous la tutelle de Baudouin, comte de Flandre. La régence de Suger, abbé de Saint-Denis, pendant l'absence de Louis VII pour la croisade (1147-1150), est célèbre par la sagesse de son administration. Celle de la reine Blanche de Castille, pendant la minorité de Louis IX, son fils (1226-1236), fut remarquable par l'habileté avec laquelle cette princesse déjoua les projets des chefs féodaux coalisés contre elle ; Blanche de Castille fut encore régente quand son fils partit pour la croisade d'Égypte et elle eut alors à réprimer la révolte des pastoureaux. Une nouvelle régence eut lieu lorsque Saint Louis fit son expédition de Tunis ; elle fut exercée par Simon de Nesle et Mathieu, abbé de Saint-Denis, et ne dura que quelques mois. En 1356, le roi Jean ayant été fait prisonnier à la bataille de Poitiers, le dauphin Charles fut chargé de gouverner le royaume, d'abord en qualité de lieutenant général, puis comme régent (février 1358-1360). C'est pendant sa régence qu'eurent lieu les troubles suscités par Étienne Marcel, prévôt de Paris, et Charles le Mauvais, roi de Navarre. La régence des oncles de Charles VI (1380-1389) fut la plus désastreuse de toutes. Anne de Beaujeu, à la mort de Louis XI et au commencement du règne de Charles VIII (1483-1485), Louise de Savoie, pendant la captivité de son fils François Ier à la suite du désastre de Pavie (1525-1526), Catherine de Médicis, sous Charles IX (1560-1564), Marie de Médicis, sous Louis XIII (1610-1615), et Anne d'Autriche, sous Louis XIV (1643-1651), exercèrent les fonctions de régente. Enfin, pendant la minorité de Louis XV (1715-1723), Philippe, duc d'Orléans, fut régent du royaume.