roman gothique

Vers la fin du xviiie s., l'exaltation et l'exaspération croissantes de la sensibilité se traduisent, en littérature, aussi bien en France dans les romans du marquis de Sade ou de Restif de La Bretonne qu'en Grande-Bretagne, dans un genre populaire nouveau : le « roman gothique » ou « roman noir », qui met en scène des fantômes, des châteaux et des personnages terrifiants.

Avec le Château d'Otrante (1764), Horace Walpole inaugure ce genre. Illustré ensuite par Ann Radcliffe (1764-1823), Matthew Gregory Lewis (1775-1818) et Charles Robert Maturin (1782-1824), le roman noir s'impose et se développe en France sous le Directoire, l'Empire et la Restauration.

Il a sans doute joué un rôle décisif dans la genèse du romantisme. D'abord méprisés par la critique officielle, les romans noirs ont été redécouverts par les surréalistes qui les portèrent au pinacle.

Le satanisme et le surnaturel sont les sujets de prédilection des romans noirs. Ainsi, Ann Radcliffe présente dans les Mystères d'Udolphe (1794), des jeunes filles sensibles et persécutées, qui évoluent dans un univers effrayant où des portes secrètes ouvrent sur des visions d'épouvantes. Ces thèmes sont encore plus clairement abordés dans le Moine (1796), roman écrit par M. G. Lewis à vingt ans. L'ardeur juvénile et le satanisme du roman donnèrent au genre le modèle extrême qu'il recherchait.