gréco-bouddhique

Se dit de l'art d'inspiration bouddhique du Gandhara.

L'art gréco-bouddhique se développa vers le milieu du ier siècle après J.-C. jusqu'au ive s. au nord-ouest de l'Inde et à l'est de l'Afghanistan, dans les anciennes provinces du Gandhara et du Kapisha. Ces territoires avaient été conquis par des tribus indo-scythiques, les Kushāna. Sous le règne de l'empereur Kanishka (couronné entre 114 et 152), leur puissance leur permit d'assurer de très nombreux contacts diplomatiques et commerciaux avec l'Empire romain. Au temps de Kanishka, le bouddhisme entra dans une ère de prospérité, liée à une évolution des modes de représentation du Maître. Après avoir longtemps figuré sous divers symboles (roue, trône, stoupa), le Bouddha fut en effet représenté sous une forme humaine, drapé à la manière grecque. Les épisodes tirés de sa vie firent alors l'objet d'une iconographie importante. La facture de l'art gréco-bouddhique relève d'un jeu complexe d'influences : les Kushana, dépourvus à l'origine de traditions propres et d'un art spécifique, assimilèrent la culture hellénistique finissante ; des échanges culturels s'effectuèrent avec le monde romain.

La sculpture

La sculpture gréco-bouddhique est d'abord représentée par des œuvres (exécutées dans le schiste du Gandhara) académiques, figées, copies de motifs grecs décadents, bas-reliefs qui composent des scènes sans grand caractère.

À cet art conventionnel s'opposent des œuvres en stuc – matière probablement importée du territoire de Parthes ou d'Alexandrie – qui empruntent elles aussi leurs thèmes à l'art hellénistique, mais dont les qualités plastiques sont très supérieures à toutes les créations en schiste. Les plus belles sculptures en stuc (généralement des têtes de petite dimension) parviennent à combiner admirablement réalisme et sensibilité ; elles offrent une analogie troublante avec le style gothique des cathédrales (Reims, Amiens). Ainsi, deux arts influencés par la Grèce et un certain type de religiosité basée sur le mysticisme peuvent receler des caractères communs malgré l'éloignement géographique et temporel.

L'architecture

À l'époque kushana, l'architecture religieuse du Gandhara était exclusivement bouddhique. Elle se manifestait par d'innombrables monastères et de très nombreux stupa ; ceux-ci représentent un édifice qui, dérivant probablement du tumulus, était destiné à jouer soit le rôle d'un reliquaire, soit celui d'un monument commémoratif. Il a l'aspect d'un hémisphère plein, en brique ou en pierre, bâti sur un socle carré plus ou moins élevé. Par rapport aux stupa maurya et shunga, ceux du Gandhara représentent une évolution vers des formes plus élevées et plus élégantes. Par la suite, un tambour cylindrique inséré entre la plate-forme et l'hémisphère fit corps avec ce dernier, donnant naissance à une sorte de tour surmontée par plusieurs coupoles. Avant que n'interviennent, au ve s., l'invasion dévastatrice des Huns, puis la conquête arabe, les stupa du Gandhara étaient, dans leur majesté, les plus imposants de l'Inde.