autofiction

Autobiographie empruntant les formes narratives de la fiction.

Ce néologisme fut créé par Serge Doubrovsky, en 1977, lors de la publication de Fils, pour désigner un récit narré à la première personne, qui présente l'auteur comme personnage principal, bien que la page-titre annonce un « roman ». La fiction porte sur le principe d'énonciation des souvenirs, comme l'illustre le texte de Roland Barthes, Roland Barthes par Roland Barthes (1975), ou bien sur le contenu des souvenirs, comme c'est le cas dans Romanesques (1984-1994) de Alain Robbe-Grillet. Dans W ou le Souvenir d'enfance (1975) de Georges Perec, la confusion entre vécu et imaginaire, caractéristique de l'autofiction, émane de l'alternance entre les chapitres fictifs et les chapitres réels dans lesquels l'auteur se rappelle sa vie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le questionnement autour de la notion d'autofiction se nourrit des apports de la psychanalyse et d'une réflexion sur la littérature. D'une part, l'écriture transforme et recrée le matériau autobiographique. D'autre part, la fiction n'est pas incompatible avec la vérité. C'est ce que montre Nathalie Sarraute dans Enfance (1983), puisque l'invention purement fictionnelle, qui consiste à faire dialoguer la conscience avec son double, apparaît comme un instrument de vérité. L'autofiction tient autant de l'autobiographie que du roman (Hervé Guibert, À l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, 1990), ce qui est à l'origine de sa spécificité par rapport à l'un et par rapport à l'autre, et en fait la forme moderne de l'écriture de soi.