CDU

sigle de Christlich-Demokratische Union, Union chrétienne-démocrate

Helmut Kohl
Helmut Kohl

Parti politique allemand fondé en 1945, en même temps que la Christlich-Soziale Union (CSU) en Bavière, et avec laquelle elle constitue un groupe commun au Bundestag.

1. Le parti de Konrad Adenauer

Se référant à l'idéologie de la démocratie chrétienne, elle est créée par des leaders de l'ancien Centre allemand (Zentrumspartei). Mais, à la différence, de ce dernier elle regroupe des catholiques et des protestants. Dominée à partir de 1947 par des tendances conservatrices et libérales, elle évolue vers le centre droit et s'engage, lors de son premier congrès, tenu à Goslar (octobre 1949), vers une « économie sociale de marché » sous l'impulsion de Konrad Adenauer, son premier président, qui vient d'être élu chancelier fédéral (septembre 1949). K. Adenauer restera à ce poste jusqu'en 1963, date à laquelle il cède le pouvoir à Ludwig Erhard (1963-1966).

2. La première « grande coalition »

De 1966 à 1969, la CDU-CSU doit partager le pouvoir au sein d'une « grande coalition » avec le parti social-démocrate (SPD). Dans l'opposition par la suite pendant 13 ans, elle revient au pouvoir avec Helmut Kohl en octobre 1982. Elle joue un rôle déterminant dans la réunification rapide des deux États allemands (réalisée en octobre 1990). Après seize ans d'exercice du pouvoir dans le cadre d'une coalition avec les libéraux du Freie Demokratische Partei (FDP), la CDU-CSU subit un grave revers aux législatives de 1998 et doit céder le pouvoir au SPD. Wolfgang Schaüble remplace H. Kohl à la tête du parti.

3. L’ascension d’Angela Merkel

En 1999, alors qu'elle se relève de sa défaite grâce à une série de succès aux élections régionales, la CDU est ébranlée par l'affaire de son financement occulte sous la présidence de H. Kohl. Personnellement impliqué, W. Schaüble est contraint de démissionner ; Angela Merkel, originaire de RDA et ancienne ministre de la Condition féminine, puis de l'Environnement, est élue à la présidence du parti en avril 2000. Lors des élections législatives de septembre 2002, la CDU-CSU, conduite par le président de la CSU bavaroise, Edmund Stoiber, enregistre une défaite relative face au SPD : avec 38,5 % des suffrages exprimés, elle gagne en effet 3,4 points et retrouve le niveau qui était le sien avant la défaite du chancelier Kohl en 1998 ; A. Merkel est réélue à la tête du parti en novembre. Après avoir connu succès et revers lors des scrutins régionaux de 2004-2005, la CDU gagne largement les élections régionales de mai 2005 en Rhénanie du Nord-Westphalie, où elle constitue le gouvernement avec le FDP.

4. Les trois mandats d’Angela Merkel (2005, 2009, 2013)

Les résultats des élections anticipées de septembre 2005 contraignent A. Merkel, élue première chancelière d'Allemagne en novembre, à gouverner en s'appuyant sur une grande coalition qui associe chrétiens-démocrates (35,2 %) et sociaux-démocrates (34,2 %). Bien que le contrat de gouvernement porte davantage la marque du SPD, c'est à la CDU de A. Merkel que semble le plus profiter, en termes de popularité, l'exercice du pouvoir. Unanime pour réélire la chancelière à sa présidence, le parti connaît néanmoins des querelles de courants et s'interroge sur la ligne idéologique à suivre. Adopté lors du congrès de Hanovre (3-4 décembre 2007), un nouveau texte fondateur (intitulé « Chances pour tous, éducation, travail et aisance ») répond aux attentes des différents courants et positionne la CDU comme le « grand parti du centre » au moment où son partenaire de la coalition, en pleine crise identitaire, entreprend un grand virage à gauche pour contrer l'apparition de la gauche radicale, Die Linke. À un an des élections législatives de septembre 2009, de vives tensions apparaissent au sein du couple CDU-CSU depuis leur défaite historique aux élections régionales de Bavière en septembre 2008 : sanctionnée pour ses querelles intestines, sa perte d'influence à Berlin et les flottements d'une nouvelle direction qui ne convainc pas, la CSU, perd la majorité absolue qu'elle détenait depuis plus de quarante ans. Malgré des pertes, la CDU-CSU sort gagnante des élections européennes de juin 2009 avec 37,9 % des voix (44,5 % en 2004) et 42 sièges. Elle remporte également les élections législatives de septembre mais avec un score très décevant : 33,8 % des suffrages dont 27,3 % pour la CDU. Les élections régionales de 2011 sont également une rude épreuve pour le parti qui perd notamment la ville-État de Hambourg au profit du SPD puis, surtout, le land du Bade-Wurtemberg, l’un des plus riches d’Allemagne que le parti dirigeait depuis le début des années 1950 et qu’il doit céder aux Verts, grands vainqueurs de ce scrutin.

En septembre 2013, la CSU retrouve cependant sa majorité absolue au Landtag de Bavière en remportant 101 sièges sur 180 avec 47,7 % des suffrages, tandis que portée par la popularité restée intacte d’Angela Merkel, la CDU arrive largement en tête des élections législatives, retrouvant son niveau de 1997 avec environ 34 % des suffrages. Mais ses alliés libéraux étant éliminés du Bundestag, la chancelière doit se résoudre à négocier avec le SPD pour former une nouvelle « grande coalition ».

Arrivée en tête du scrutin de septembre 2017, marqué par la percée de la droite populiste (Alternative pour l’Allemagne, 12,6 % des voix), la CDU enregistre son plus mauvais résultat depuis 1949 (26,8 % ; 6,2 % pour la CSU) et recule de 55 sièges. Elle doit alors engager des négociations très ardues afin de réunir une nouvelle majorité. Faute d’accord pour former un gouvernement avec le FDP et les Verts, la « grande coalition » est reconduite en mars 2018.

Pour en savoir plus, voir l'article Allemagne : vie politique depuis 1949.