califat
La question de l’attribution du titre de chef suprême de la communauté musulmane est à l'origine de la division de l'islam en trois branches : le kharidjisme, le chiisme et le sunnisme.
1. Le calife
Le califat a été institué à la mort de Mahomet pour le remplacer à la tête de l'État musulman. Le titre de calife (khalifa) – le terme, signifiant « successeur [du Prophète] », ayant rapidement été compris au sens de « lieutenant [d'Allah] » – attribué au chef de la communauté musulmane se double à l'origine de ceux d'amir al-muminin, « commandeur des croyants », et d'imam, « guide des musulmans dans l'obéissance à la Loi ». Le contenu même de sa fonction le justifiait : maintenir l'unité du monde islamique, assurer sa défense et son extension, préserver le dogme contre toute innovation, veiller au respect de la Loi, gouverner et administrer l'empire.
2. Les quatre premiers califes
2.1. Les « Bien-Dirigés »
Les quatre premiers califes sont dits ar-Rachidun (les « Bien-Dirigés »), car ils représentent, dans la mémoire des musulmans sunnites, l'idéal du souverain proche de ses sujets, qui gouverne selon les principes de la loi musulmane. Pour leur part, les musulmans chiites n'admettent que la seule légitimité du quatrième de ces califes, Ali.
2.2. Une histoire mouvementée
L’histoire de ses quatre premiers califes est mouvementée, car aucune règle de succession n'a été établie par Mahomet de son vivant. De plus, rien ne prédestine une personne plutôt qu'une autre au pouvoir. D'où les incessantes luttes d'influence. Si le premier calife Abu Bakr (632-634) – deuxième converti par la prédication de Mahomet, auquel il a donné en mariage sa fille Aïcha – et le deuxième calife Umar (634-644) – dont Mahomet a également épousé une fille, Hafsa – sont choisis en raison de leurs liens avec le Prophète.
En revanche, le troisième calife, Uthman (644-656) – aristocrate mecquois de la famille des Omeyyades, plus tardivement ralliée à Mahomet –, est désigné par un Conseil de sages. Il est assassiné par des conjurés, et certains proches du Prophète en profitent pour imposer Ali (656-661), cousin et gendre de Mahomet, comme quatrième calife.
2.3. L'éclatement de l'umma
Ainsi, les différentes branches familiales se sont opposées pour la conquête du pouvoir politique et religieux. En particulier, l'affrontement de Siffin (657), en Iraq, a consacré l'éclatement de la communauté musulmane, qui se scinde peu après en chiites (partisans du calife Ali et de sa descendance), sunnites (partisans des Omeyyades, parents du calife Uthman) et kharidjites (« ceux qui se sont séparés », partisans de Ali qui s’en sont détachés).
3. Les cinq califats dynastiques
3.1. Le califat omeyyade
Après le califat de Ali, dernier des « Bien-Dirigés » gouvernant depuis Médine, le califat est transporté à Damas où règne la première dynastie califale, celle des Omeyyades (661-750).
3.2. Le califat abbasside
Elle est renversée par la deuxième dynastie califale, celle des Abbassides (750-1258) qui choisit Bagdad comme capitale. Ces califes disposent, en principe, d'un pouvoir absolu, de caractère théocratique, inspiré par le modèle des empereurs byzantins et des souverains perses sassanides. Mais, dans les faits, les califes doivent progressivement abandonner une grande partie de leurs prérogatives et se limiter à des fonctions religieuses et de représentation.
3.3. Le califat de Cordoue
Dans la péninsule Ibérique, un descendant de la famille omeyyade, Abd al-Rahman III, fait sécession et fonde le califat omeyyade de Cordoue (929-1031).
3.4. Le califat fatimide
De même, en Afrique du Nord puis en Égypte est mis en place le califat fatimide chiite (→ Fatimides, 909-1171). Déjà menacée par ces deux califats rivaux, la dynastie abbasside n'exerce plus qu'une autorité purement nominale sur le monde musulman après le sac de Bagdad par les Mongols en 1258 ; elle se perpétue cependant au Caire, à l'époque des Mamelouks (1261-1517).
3.5. Le califat ottoman d'Istanbul
En 1517 est proclamé le califat ottoman d’Istanbul. Ce califat est le seul des cinq califats musulmans a ne pas avoir été détenu par des Arabes, mais par des Turcs. Aboli en mars 1924 par le régime de Mustafa Kemal Atatürk, le califat ottoman est ainsi le dernier de l’histoire de l’islam.
Pour en savoir plus, voir l'article Empire ottoman.