Mylène Gautier, dite Mylène Farmer

Chanteuse française (Pierrefonds, Québec, 1961).

Née au Québec, où son père dirige la construction d’un barrage, Mylène arrive en France à l’âge de huit ans. Dix ans plus tard, elle quitte les bancs du lycée et envisage une carrière artistique, qui est lancée en 1984 sous les auspices du musicien Laurent Boutonnat (né en 1961). La jeune femme qui bouscule les usages avec les impertinents couplets de Maman a tort n’en est pas à une audace près, et « libertine », comme elle le chantera, elle le sera jusqu’au bout des rimes. En effet, elle cultivera une forme d’érotisme libérateur non dénué d’ambiguïté sexuelle. Elle changera de look, en passant d’une chevelure châtain foncé à une chevelure franchement rousse, mais elle gardera ses sources d’inspiration – l’amour, la mort, la religion –, fortifiées à la lecture de Baudelaire, de Poe, d’Oscar Wilde, et se fera une place unique sur la scène pop francophone.

Unique en son genre, son répertoire, dont elle écrit tous les textes, est un florilège d’inventions linguistiques où se mêlent élégamment allitérations et assonances. Uniques en leur genre, ses clips, dus ou non à la patte de Boutonnat, sont autant de prouesses visuelles qui portent le genre à son apogée. Également uniques en leur genre, ses concerts sont autant de shows fantasmatiques et fusionnels entre la grande prêtresse qui préside à leur déroulement et la foule de ses adorateurs issus de plusieurs générations. Finalement unique en son genre, son personnage transcende plus qu’il ne transgresse les lois du show-business qui semblent être faites pour d’autres – et auxquelles, assurément, elle ne sacrifie qu’avec parcimonie.

Après Libertine et les autres chansons de l’album Cendres de lune (1986), telles que Tristana et Plus grandir, Mylène Farmer peaufine ce personnage en publiant les albums Ainsi soit je (1988) – avec les enjoués Sans contrefaçon (adopté comme hymne par la communauté gay), Pourvu qu’elles soient douces, Sans logique – et l’Autre (1991) – avec les pathétiques Désenchantée, Je t’aime mélancolie, Beyond my control. Elle dédie aux malades du sida Que mon cœur lâche (1992) et tente un pari risqué au cinéma dans le film Giorgino (1994) que Boutonnat lui offre à grands frais. Elle renoue ensuite avec toute la magie de son charisme, qui irradie dans les albums Anamorphosée (1995), Innamoramento (1999), Avant que l’ombre… (2005) et Point de suture (2008), dont sont extraits respectivement California et XXL, l’Âme-stram-gram et Optimistique-moi, Q.I. et Redonne-moi, Dégénération et C’est dans l’air.