Jalacy Hawkins, dit « Screamin'Jay » Hawkins

Pianiste, chanteur et compositeur de soul américaine (Cleveland, Ohio, 1929-Neuilly-sur-Seine 2000).

Boxeur et musicien dès son plus jeune âge, il choisit la musique en 1950 et devient pianiste, développant peu à peu son talent vocal, caractérisé par une voix de baryton, basse et rocailleuse. Après sa rencontre avec le bluesman Wynonie Harris, il débarque à New York. Son génie explose en 1956 grâce à sa chanson la plus célèbre, I Put A Spell On You, dans laquelle il n'hésite pas à prendre une voix d'ivrogne. Cette interprétation, jugée « riche en sons suggestifs et cannibalistiques » par la censure de l'époque, dut être retravaillée afin d'être commercialisée. La péripétie n'empêcha pas, bien au contraire, l'immense succès de la chanson, reprise plus tard par Alan Price, Nina Simone, Creedence Clearwater Revival ou Bryan Ferry.

Dès lors, il peut poursuivre une carrière solo qui hésite constamment entre des standards associant blues et boogie (Little Demon) et une musique beaucoup plus personnelle et étrange, sorte de blues-rock riche en bruits bizarres (Alligator Wine, Hong Kong).

Un provocateur-né. Screamin'Jay Hawkins s'amuse à jouer les sorciers et, lors de certains concerts, il entre en scène dans un cercueil à roulettes. Dans le même esprit, il enregistre Constipation Blues, véritable performance décrivant les états d'âme d'un homme sujet à des problèmes intestinaux. En interprétant de façon réaliste cette chanson, l'auteur parviendra à en tirer le scandale escompté.

Au cours des années 1980, on le voit dans le film de Jim Jarmusch, Mystery Train (1989), et il entreprend une tournée avec les Fleshtones, qui lui inspirera la formation de son dernier groupe en date, les Fuzztones. En 1991, dans l'album Black Music For White People (musique noire pour Blancs), il interprète deux compositions de Tom Waits, qui s'intègrent parfaitement dans son œuvre.

Personnage pittoresque et provocateur, Screamin'Jay Hawkins a parfois été taxé de vulgarité. Son grand talent de « blues shouter » (hurleur de blues) est pourtant incontestable. De même, ses audaces scéniques et sonores peuvent être classées parmi les plus étonnantes préfigurations du punk.