Max Klinger

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre, graveur et sculpteur allemand (Leipzig 1857 – Grossjena, près de Naumburg, 1920).

Il fut l'élève de Karl Gussow en 1874-75 à la Kunstschule de Karlsruhe et le suivit à l'Académie de Berlin (1875-1878), où il apprit à graver. Après avoir séjourné à Bruxelles (1879), à Munich (1880), à Berlin (1881-1883), à Paris (1883-1887) et à Rome (1888-1892), il s'installe en 1893 à Plagwitz. En 1897, il est nommé professeur à l'Académie d'art graphique de Leipzig et correspondant de la Sécession de Vienne, dont il est l'un des trois invités étrangers en 1901 avec Rodin et Segantini. En 1912, il participe à la fondation de la Leipziger Jahresaustellung, dont il est le président. Son œuvre gravé est capital. Il exécuta de 1878 à 1915 14 cycles à l'eau-forte, qui sont ses œuvres les plus remarquables : le plus célèbre reste Paraphrase über den Fund eines Handschuhs (" Paraphrase sur la découverte d'un gant ", 1880), dont 8 dessins furent exposés dès 1878 à Berlin et lui apportèrent une reconnaissance immédiate. La technique de la gravure, le style ainsi que le scepticisme de l'attitude par rapport au monde extérieur révèlent maintes affinités avec Goya : dans un univers à la fois cocasse et mystérieux, il explore la dualité entre le monde de la mythologie classique et sa sensibilité aux drames contemporains ; suicides, meurtres, adultères sont chez lui des thèmes récurrents. Un trait incisif et sûr, un sens vigoureux de la plastique mêlé d'un réalisme archaïsant confèrent une grande puissance à ses images. Dans l'œuvre peint, son premier tableau important est Der Überfall an der Mauer (" l'Attaque du mur ", 1877, musées de Berlin), qui élève un événement sans signification historique au niveau de l'allégorie des conflits humains et de la dysharmonie entre la société moderne et la nature. La Crucifixion (1891, musée de Leipzig) est un exemple d'une conception moderne qui ne se réfère plus aux thèmes chrétiens traditionnels. Son style s'apparente à celui de Böcklin : l'Heure bleue (1890, Leipzig, Museum der Bildende Künste) alimente le sentiment d'étrangeté par son éclairage dramatique et sa composition énigmatique. La dérision s'y ajoute dans la Mort qui pisse (1900, Hambourg, coll. part.). À partir de 1892, il aborda la sculpture, à laquelle, sous l'influence de l'Antiquité, il associa la couleur (pierres de teintes différentes et sculptures peintes). Il dut sa célébrité en matière de sculpture à son Beethoven assis (1902, musée de Leipzig), exposé dans la salle aménagée par V. Hoffmann et décorée par Klimt, à la Sécession de 1902. En 1891, il rédigea une étude théorique, Malerei und Zeichnung (" la Peinture et le dessin "). Le symbolisme fantastique de ses gravures permet de le considérer comme un précurseur du Surréalisme, mais il prolonge aussi le romantisme allemand et annonce Munch et Käthe Kollwitz. Il est représenté en particulier à Leipzig. Vienne (K. M.) conserve l'immense Jugement de Pâris (1886-87). Une exposition a été consacrée à Klinger (Ferrare, G. A. M.) en 1996.