Niccolò Castiglioni

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Milan 1932 – id. 1996).

Il a fait ses études au conservatoire de sa ville natale avec Desderi, F. Ghedini, Margola et Fuga, puis au Mozarteum de Salzbourg avec Friedrich Gulda et Carlo Zecchi et, enfin, à partir de 1958, aux cours d'été de Darmstadt. Il a aussi eu comme maître Boris Blacher. Il s'est d'abord fait une renommée de pianiste virtuose au toucher et au jeu raffinés et, en 1961, a obtenu le prix Italia pour son opéra radiophonique Attraverso lo specchio (« À travers le miroir »). En 1966, il a émigré aux États-Unis, où il a d'abord été composer in residence au Center of Creative and Performing Arts de Buffalo. Nommé ensuite visiting professor in composition à l'université du Michigan à Ann Arbor, puis regent lecturer à l'université de Californie à San Diego, une sorte d'épuisement le força à rentrer en Europe, et, depuis le début des années 70, il a assez peu produit.

Ses œuvres, de tendance postsérielle élargie, surtout instrumentales, témoignent d'un tempérament lyrique et dramatique extrêmement vif et d'une sensibilité aiguë pour laquelle la musique ne doit se justifier que d'elle-même : « Tout comme un dessin où le noir des traits n'a d'autre fonction que d'articuler le blanc du papier, les Disegni (1960) sont de par leur forme un continuum du silence au sein duquel les notes viennent s'insérer pour articuler le silence par les sons » (à propos de sa pièce d'orchestre Disegni). Ses ouvrages, volontiers très courts, ont souvent quelque chose d'éphémère, qui répugne à la durée, telles les images d'un kaléidoscope. À propos de Gyro, pour chœur mixte et 9 instruments (1963), il a d'autre part fait remarquer « que depuis toujours un mystère, une exigence religieuse existent dans la science, et que la religiosité de tout temps peut s'exprimer aussi à travers la science. C'est le besoin de ne rien renier ­ dans le meilleur sens du terme ­ de ce qui est profane ». Il a écrit notamment Aprèslude pour orchestre (1959), Gymel pour flûte et piano (1960), A Solemn Music I (1963) et II (1965) pour soprano et orchestre de chambre sur des textes de John Milton, une symphonie en ut pour chœur et grand orchestre (avec 4 pianos et 4 clavecins) sur des textes de Ben Johnson, Dante, Shakespeare et J. Keats (1969-70), Inverno In-Ver, 11 poésies musicales pour orchestre (1972), Quodlibet pour piano et instruments (1976) ; Hymne pour chœur à 12 parties a cappella (1988-89) ; Fantasia concertata pour piano et orchestre (1991). On lui doit également un intéressant ouvrage de synthèse : le Langage musical de la Renaissance à nos jours.