Amérique latine : histoire

La formation des États d'Amérique latine
La formation des États d'Amérique latine

L'histoire de l'Amérique latine est d'abord celle des civilisations précolombiennes (Aztèques, Toltèques, Mayas et Incas). C'est ensuite l'histoire de la colonisation espagnole et portugaise, cette dernière ayant intéressé l'immense Brésil. L'émancipation des anciennes colonies et le morcellement politique se situent entre 1808 et 1825 (→ indépendance de l'Amérique latine). Progressivement, le vaste empire colonial d'Amérique échappe à l'Espagne, et le Brésil se sépare du Portugal en 1822.

1. Des indépendances à l'instauration de la démocratie

Après son indépendance, l'Amérique latine connaît une évolution chaotique.

Les officiers qui ont mené les guerres d'indépendance s'imposent d'abord au pouvoir, favorisant le « caudillisme » (caudillo), puis les systèmes politiques évoluent vers des régimes autoritaires civils qui n'excluent jamais les dictatures militaires avec le soutien et, dans certains cas, l'intervention active des États-Unis. À l'instabilité politique s'ajoutent des conflits frontaliers, relayés par des guérillas internes (Pérou, Nicaragua, Colombie, Argentine, Salvador, Uruguay, Bolivie).

Dans les années 1980, les pays de la région sont confrontés à deux défis majeurs : la démocratisation politique des régimes autoritaires et le rétablissement d'une situation économique très détériorée, marquée, pour certains d'entre eux comme l'Argentine, le Brésil, le Pérou, l'Uruguay et le Venezuela, par une récession brutale accompagnée d'une spirale inflationniste.

2. Vers l'intégration économique

À la fin des années 1990, tous les gouvernements en place sont issus d'élections libres, tandis que les pays les plus touchés par l'hyperinflation comme l'Argentine, le Brésil et le Pérou, sont parvenus à la juguler.

Parallèlement, l'intégration économique de la région est recherchée à travers des accords commerciaux entre États et la création de zones de libre-échange : le Mercosur (réunissant à l'origine l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay) entre en vigueur en 1995, un an après l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain) entre le Mexique, les États-Unis et le Canada. La Communauté andine (CAN), regroupant la Bolivie, la Colombie, l'Équateur, le Pérou et le Venezuela, est institutionnalisée en 1996-1997 avec, notamment, l'entrée en fonctions d'un secrétariat général.

3. Un nouveau clivage politique

Au cours des années 2000, dans le sillage de la victoire de Hugo Chávez au Venezuela (décembre 1998), portée par une large coalition rassemblant une dizaine de partis de gauche et nationalistes, de nombreux pays d'Amérique latine connaissent un glissement à gauche allant du socialisme réformiste à un radicalisme plus « révolutionnaire » avec parfois des accents populistes et nationalistes. Des présidents soutenus par des partis et des coalitions de gauche ou de centre gauche sont ainsi élus au Chili (2000), au Brésil (2003), en Uruguay (2004), Bolivie (2006), Équateur (2007), au Nicaragua (2007), Guatemala (2008) Paraguay (2008), Salvador (2009).

Cette tendance est moins marquée en Argentine où s'imposent les péronistes Néstor et Cristina Kirchner (2003 et 2007). De même au Pérou où, après la chute du régime autoritaire instauré par Alberto Fujimori (1990-2001), les clivages politiques se sont brouillés. Le centre droit ou la droite restent majoritaires en Colombie, au Costa Rica, au Honduras et à Panamá.

Par ailleurs, les communautés amérindiennes s'affirment politiquement dans plusieurs pays comme le Pérou, l'Équateur et surtout la Bolivie, où un nouveau régime « indigéniste » est mis en place en 2009.

Avec la victoire de Luiz Inácio « Lula » da Silva au Brésil en 2003, s'ouvre une « troisième voie », alternative démocratique au modèle populiste, autoritaire – mais néanmoins populaire auprès d'une grande partie de la population – de la « révolution chaviste ». On retrouve ce clivage au niveau international, avec le lancement en 2004 par le Venezuela et Cuba de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques ; ce projet reste toutefois à l'état d'ébauche, recevant le soutien du président bolivien Evo Morales, du Nicaraguayen Daniel Ortega, de l'Équatorien Rafael Correa, du Honduras et de trois États insulaires des Petites Antilles (Antigua-et-Barbuda, Dominique et Saint-Vincent-et-les Grenadines).

4. De nouvelles institutions régionales

Indépendamment de cette division – qui se traduit notamment par le départ du Venezuela de la CAN en 2006 et par des relations tendues entre Caracas et plusieurs États, en particulier le Mexique et la Colombie –, l'Amérique latine poursuit son intégration.

L'année 2008 voit la création de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR) regroupant – malgré leurs désaccords – aussi bien l'Argentine, le Brésil, le Chili, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, l'Uruguay, Guyana, la Colombie, que le Venezuela, la Bolivie et l'Équateur.

De plus, en septembre 2009, sept pays (Argentine, Brésil, Bolivie, Équateur, Paraguay, Uruguay et Venezuela, auxquels devrait se joindre le Chili) signent l'acte constitutif de la Banque du Sud, projet caressé depuis 2007 afin de contrecarrer l'influence du Fonds monétaire international (FMI).

Prônant un renforcement du multilatéralisme, les pays d'Amérique latine prennent ainsi peu ou prou leurs distances d'avec les États-Unis, dont les ingérences appartiennent désormais au passé et qui, faute d'une vaste zone de libre-échange (ZLEA) – projet finalement enterré – doivent se contenter d'un traité avec six pays d'Amérique centrale (CAFTA) et d'accords commerciaux bilatéraux (FTA).

Tous ces États prônent également la fin de l'isolement de Cuba, qui a engagé, depuis le remplacement de Fidel Castro par son frère Raúl en 2008, de timides réformes économiques et dont l'exclusion de l'Organisation des États américains (OEA), décidée en 1962 à la demande de Washington, est annulée en juin 2009.

Ce retrait américain et cette émancipation croissante de l’Amérique latine ouvrent également un nouvel espace pour une coopération militaire renforcée. La décision, à l’initiative du Brésil, de créer un Conseil de défense sud-américain (CDS), formé des ministres de la Défense des États membres de l’UNASUR, remonte à décembre 2008. Le CDS doit permettre le contrôle des approvisionnements en armement des différents États et leur niveau ainsi que la prévention des tensions – comme celles, récurrentes, entre le Venezuela et la Colombie – par des mesures de confiance et de sécurité.

Par ailleurs, les risques de déstabilisation intérieure n’étant pas absents (comme en témoignent la longue crise au Honduras en juin-novembre 2009 ou le soulèvement des forces de police en Équateur en septembre-octobre 2010), l’UNASUR décide, lors de son IVe sommet (Georgetown, Guyana) en novembre 2010, de renforcer ses moyens (fermeture des frontières, sanctions économiques) en cas de « violation de l'ordre constitutionnel et de toute situation qui met en danger l'exercice légitime du pouvoir et les valeurs et principes démocratiques ».

La fondation en décembre 2011, à Caracas, de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), héritière du groupe de Rio créé en 1986 et réunissant l’ensemble des pays de la région, est un pas de plus vers l’intégration et l’autonomie alors que le sous-continent, qui a globalement bien résisté à la crise de 2008, doit désormais affronter l’instabilité et les incertitudes économiques et financières internationales.

Pour en savoir plus, voir les articles Géographie de l'Amérique latine et Art et culture de l'Amérique latine.