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ne

adverbe

(latin non, en position atone)

    [On écrit n' devant une voyelle ou un h muet.]

    Ne (placé avant le verbe) a une valeur négative :

  • 1. accompagné de pas, point, guère, plus, rien, aucun, nul, personne, jamais ou de mots négatifs analogues : Je ne veux pas. On n'y comprend rien.
  • 2. seul ou accompagné de pas, point, etc., avec les verbes cesser, pouvoir, savoir : Je ne puis vous le dire. Je n'ose entrer (je n'ose pas entrer) ; dans des phrases interrogatives où l'interrogation a une valeur rhétorique : Que ne ferais-je pour vous plaire ? ; dans les subordonnées de conséquence au subjonctif dépendant d'une principale négative ou interrogative : Il n'était pas si stupide qu'il ne pût comprendre la ruse.
  • 3. seul, dans certaines expressions : N'importe. À Dieu ne plaise ; avec que exclamatif au sens de " pourquoi " : Que ne m'avez-vous parlé plus tôt ! ; dans les subordonnées temporelles commençant par depuis que, il y a… que : Il y a six mois que nous ne nous sommes parlé ; dans les subordonnées relatives au subjonctif dépendant d'une principale négative ou interrogative : Je ne possédais rien qui ne lui appartînt ; avec autre que : Je n'ai d'autre ami que vous ; dans les phrases indiquant une hypothèse : N'eût été son père, je l'aurais congédié.

Ne, seul, s'emploie sans valeur négative :

  • 4. dans les subordonnées dépendant de verbes signifiant " craindre " ou après de peur que : Je crains qu'il ne vienne, s'opposant à je crains qu'il ne vienne pas. (Il n'y a pas de ne dans la subordonnée si la principale est négative : Je ne crains pas qu'il vienne.)
  • 5. après ne pas nier, ne pas douter : Je ne doute point que l'affaire ne se fasse (= l'affaire se fera).
  • 6. après empêcher, éviter : Il faudrait éviter que la nouvelle ne se répande trop rapidement.
  • 7. dans le second terme de comparaison d'inégalité : Il est moins intelligent qu'on ne le croit. (Toutefois, ne ne s'emploie pas lorsque la proposition principale est négative : Il n'est pas plus grand qu'il était.)
  • 8. souvent après à moins que, avant que, sans que : Partez avant qu'on ne vous voie.
  • Expressions avec ne

    • Ne… que…,

      équivaut à " seulement " : Ce ne sont que des mots.
    • Ne faire que,

      marque l'exclusivité d'une action : Il ne fait que (de) dormir ; ou le caractère récent d'une action : Il ne fait que d'arriver.

    Homonymes de ne


    • nœud nom masculin

    Difficultés de ne


    • EMPLOI

      I. Ne employé en corrélation

      Ne... pas. C'est la forme courante et neutre de la négation dans le français actuel : je ne l'aime pas, je n'en veux pas, je n'irai pas.
      Cependant, ne est omis dans les phrases elliptiques : pas question que vous partiez ; pas de danger qu'il vienne aujourd'hui ; pas un souffle, pas un brin de vent.
      Dans l'expression orale relâchée, ne est très souvent omis : j'irai pas, il veut jamais, c'est pas moi.
      recommandation :
      Dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit, employer la négation complète : je n'irai pas, il ne veut jamais, ce n'est pas moi.
      Au lieu de l'exclamation (que de mensonges il a inventés !) on emploie souvent l'interrogation négative : quels mensonges n'a-t-il pas inventés ? ou combien de mensonges n'a-t-il pas inventés ? Les deux tours fusionnent parfois en une exclamation négative : que de mensonges n'a-t-il pas inventés ! Ce tour naguère critiqué est aujourd'hui admis, pourvu que son sens soit clair : quelle ne fut pas notre surprise ! que de fois ne vous l'ai-je pas expliqué !

      Ne... point, ne... goutte.
      Ne... point est vieilli ou régional : « Avec ça que l'on ne sait point ce que vous pensez ! » (P. Claudel). → pas.
      Ne... goutte, littéraire et vieilli, n'est plus guère employé que dans des expressions comme n'y voir goutte, n'y entendre goutte, n'y comprendre goutte.
      remarque
      Ne... mie est vieux et n'est plus employé que dans la langue littéraire, pour produire un effet d'archaïsme : « [...] tu n'es mie dans l'esprit de ton rôle » (Th. Gautier).

      Ne + adverbe ou indéfini. Ne peut aussi s'employer en corrélation avec d'autres adverbes (plus, jamais, guère, nulle part, aucunement, nullement, etc.) ou avec des pronoms ou adjectifs indéfinis (personne, rien, nul, aucun), auxquels il donne une pleine valeur négative : je n'irai plus ; je n'y pense guère ; il ne t'en veut nullement ; nul n'y songerait ; je n'en ai pris aucun ; je n'ai rien vu. Ces éléments (adverbes, pronoms indéfinis, adjectifs indéfinis) peuvent se combiner entre eux, chacun apportant une nuance particulière : je n'en ai jamais rien dit à personne ; je ne vais jamais nulle part non plus. Mais ils ne peuvent pas être employés en même temps que pas, point ou goutte (on ne dit pas : *je ne bois pas goutte ; *je n'en veux pas guère ; *je n'y vais pas jamais).
      remarque
      L'expression familière ce n'est pas rien (= c'est quelque chose de considérable) ne contredit cette règle qu'en apparence : rien y est employé dans le sens de « néant, nul ».

      Ne... que. Ne s'emploie avec une valeur restrictive en corrélation avec que, au sens de « seulement » : je n'ai que trois francs (= j'ai seulement trois francs); il n'a plus qu'un jour de vacances ; je ne compte plus guère que sur vous.
      recommandation :
      Éviter le pléonasme ne... que... seulement. Dire : je n'ai que trois francs ou j'ai trois francs seulement (et non : *je n'ai que trois francs seulement).

      Ne... pas que. Cette locution est souvent employée comme contraire de ne... que : je n'ai pas que cela à faire ; il ne fait pas que s'amuser ; on ne vit pas que pour soi. Cette tournure naguère critiquée est aujourd'hui passée dans l'usage. Si l'on juge néanmoins préférable de l'éviter, on peut la remplacer par ne... pas seulement... : on ne vit pas seulement pour soi.

      II. Ne employé seul, sans pas.

      Ne est toujours employé seul dans les cas suivants.
      Dans certaines locutions figées : n'avoir cure de, n'avoir garde de, il n'importe, qu'à cela ne tienne, ne dire mot, etc.
      Quand deux négations sont séparées par ni, ou quand ni est répété : il ne le peut ni ne le veut. « Ni l'or ni la fortune ne nous rendent heureux » (La Fontaine).
      Dans le tour interrogatif que... ne... exprimant le regret : que ne vous ai-je écouté ? que n'a-t-il couru, il serait arrivé à temps.
      Après qui sujet dans une interrogation de forme négative mais de sens positif : qui ne souhaiterait pouvoir en faire autant ? (= tout le monde le souhaiterait) ; qui ne perdrait patience, à ma place ? (= quiconque perdrait patience). - Mais s'il s'agit d'une véritable interrogation, on emploie la négation complète ne... pas : qui n'a pas compris la réponse ? qui ne viendra pas à la prochaine réunion ? De même, qui complément exige ne... pas : qui n'a-t-elle pas encore reçu ?
      Avec savoir que (+ infinitif) : nous ne savons que faire ; je ne sais que dire.

      Ne peut être employé seul dans les cas suivants.
      Avec les verbes cesser, oser, pouvoir : il ne cesse de vous le demander ; je n'ose vous le dire ; elle ne peut vous répondre.
      Cet emploi, facultatif, relève de l'expression soignée.
      On peut toujours dire : il ne cesse pas de vous le demander ; je n'ose pas vous le dire ; elle ne peut pas vous répondre.

      Après depuis que, il y a (telle durée) que, voici (telle durée) que, suivis d'un verbe à un temps composé : il a grandi, depuis que je ne l'ai vu ; voici trois mois qu'il ne m'a écrit ; il y aura bientôt une semaine qu'il n'a téléphoné.
      Cependant, on peut dire aussi correctement : voici trois mois qu'il ne m'a pas écrit ; il y a une semaine qu'il n'a pas téléphoné. - Le verbe au présent ou à l'imparfait exige la négation complète : voici deux mois que nous ne nous voyons plus ; depuis qu'il ne venait plus chez nous...

      III. Ne explétif.


      Le ne dit « explétif » (qui n'est pas nécessaire au sens de la phrase, ou qui n'est pas absolument exigé par la syntaxe) est le plus souvent omis dans la langue orale. Il s'emploie surtout à l'écrit.
      Dans les propositions subordonnées, après les verbes à la forme affirmative exprimant la crainte, la précaution, l'empêchement : j'ai peur qu'il ne tombe ; prenez garde qu'il ne se sauve ; évitez qu'il ne se salisse. - Quand le verbe est à la forme négative, ne explétif est omis : je ne crains pas qu'il vienne ; vous n'éviterez pas qu'il tombe. → craindre, empêcher, éviter, etc.
      Facultativement, dans les propositions subordonnées, après des verbes à la forme négative exprimant le doute ou la négation : je ne doute pas qu'il ne vienne (ou qu'il vienne) ; je ne nie pas qu'il ne soit brillant (ou qu'il soit brillant). → douter et nier
      Facultativement après certaines conjonctions telles que de peur que, avant que, à moins que, sans que : donnez-lui votre bras, de peur qu'elle ne tombe ou de peur qu'elle tombe ; elle n'en sortira pas à moins qu'elle ne soit (ou : à moins qu'elle soit) au-dessus de toutes les difficultés. - Si que, seul, est mis pour l'une de ces conjonctions, il exige ne : « Elle n'en sortira pas qu'elle ne soit au-dessus de toutes les difficultés » (Diderot).

    • CONSTRUCTION

      Place de la négation.

      Les deux éléments de la négation, ne et pas, encadrent le verbe conjugué : il ne chante pas ; elle ne dit rien.

      Quand la négation porte sur un verbe à l'infinitif, elle le précède : elle se tient à la rampe pour ne pas tomber ; elle est sûre de ne pas le trouver.
      remarque
      La construction avec l'infinitif intercalé dans la négation n'est plus employée aujourd'hui, sauf pour produire un effet d'archaïsme : « Et, pour ne bouger pas encore, je me fais couper les cheveux » (A. Gide). Êtes-vous sûre de n'y tenir point ?

      Quand le verbe conjugué est un semi-auxiliaire suivi d'un verbe à l'infinitif, la négation peut, en fonction du sens, soit encadrer le verbe auxiliaire, soit se placer avant l'infinitif : je ne peux pas venir (= il m'est impossible de venir), je peux ne pas venir (= j'ai la possibilité de venir ou de ne pas venir) ; il n'ose pas le dire (= il est trop timide pour le dire), il ose ne pas le dire (= il a l'audace de le taire).

      Pour que ne... pas. La négation devant encadrer le verbe conjugué, on dit : j'ai fermé la porte pour qu'il ne sorte pas.
      recommandation :
      Bien que courante dans l'expression orale relâchée, la tournure *pour ne pas que (*j'ai fermé la porte pour ne pas qu'il sorte) est un solécisme à éviter dans l'expression soignée, en particulier à l'écrit.

    Mots proches

    « Dans cette boutique, on trouve des chapeaux [rose] et des manteaux [marron]. » À quel(s) adjectif(s) mettez-vous un « s » ?