Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cubisme (suite)

Salon des indépendants. Le clou en est la Ville de Paris par Delaunay. Gris s’y montre pour la première fois en public. Marcel Duchamp présente, puis retire sur les instances de Gleizes, avant le vernissage, son Nu descendant un escalier. Exposent aussi Gleizes, La Fresnaye, Marie Laurencin, Le Fauconnier, Léger, Lhote, Metzinger, Picabia, Reth, Rivera, les sculpteurs Archipenko et Brâncuşi.

Delaunay commence la série des Fenêtres.

Gleizes et Metzinger publient Du cubisme.

Premier dîner des Artistes de Passy, présidé par Paul Fort, rue Raynouard, dans la maison de Balzac : Apollinaire, Duchamp-Villon, Laurencin, Le Fauconnier, Léger, Mare, Metzinger, Picabia, Henry Valensi, Villon.

Salon d’automne : Duchamp, Gleizes, Kupka, La Fresnaye, Laurencin, Le Fauconnier, Léger, Marcoussis, Metzinger, Picabia, Rivera, Csáky. Duchamp-Villon présente avec André Mare une œuvre collective, la Maison cubiste. Violentes critiques de la presse, lettre ouverte du doyen du conseil municipal de Paris, interpellation à la Chambre du député J.-L. Breton. Les cubistes sont défendus par Marcel Sembat : « Quand un tableau vous semble mauvais, vous avez un incontestable droit : celui de ne pas le regarder et d’aller en voir d’autres. Mais on n’appelle pas les gendarmes. »

Premier numéro de la revue la Section d’Or et Salon de la Section d’Or : Gleizes, Gris, La Fresnaye, Laurencin, Léger, Lhote, Marcoussis, Metzinger, Picabia, Villon.

1913

Apollinaire publie les Peintres cubistes, méditations esthétiques.

Salon des indépendants, caractérisé par l’affirmation du dynamisme et de la couleur chez les tenants de l’orphisme (Delaunay, Kupka, Picabia) et les synchromistes américains (P. H. Bruce, A. B. Frost, Morgan Russell et Stanton Macdonald-Wright). Exposent aussi Gleizes, Laurencin, La Fresnaye, Lhote, Marcoussis, Mondrian, Metzinger, Reth, Valmier.

Braque, Gris, Picasso séjournent à Céret. Expression plus tranchée de la personnalité de chacun et développement du cubisme synthétique.

Salon d’automne : Gleizes, Kupka, La Fresnaye, Le Fauconnier, Lhote, Metzinger, Picabia, Rivera et Duchamp-Villon. Les Soirées de Paris, revue fondée par André Salmon et André Billy, sont rachetées par Serge Férat.

Picasso expose à Berlin, à Munich, à Cologne et à Prague ; Delaunay et Braque, à Berlin.

Extension des expositions cubistes à l’étranger : au Sturm à Berlin, à la Moderne Galerie à Munich, au premier Salon d’automne allemand, aux Doré Galleries à Londres. Aux États-Unis, très importante manifestation de peinture moderne de l’Armory Show, mais présentation non groupée des œuvres cubistes.

1914

Expositions Picasso et Braque en Allemagne et aux États-Unis (« Galerie 291 » et « Secession Art Gallery »).

Gleizes, Metzinger, les Duchamp exposent au Sturm.

La sculpture cubiste s’affirme avec l’adhésion de Laurens, de Lipchitz, de Zadkine et de Duchamp-Villon (le Cheval). Picasso : constructions en bois et en tôle peinte.

Trentième Salon des indépendants : Delaunay, Férat, Gleizes, Laurencin, Lhote, Marcoussis, Metzinger, Mondrian, Picabia, Survage, Sonia Terk-Delaunay, Villon, Archipenko, Csáky, Zadkine.

Séjours de Gris à Collioure, de Braque à Sorgues, de Picasso à Avignon.

Déclaration de guerre et dispersion du groupe cubiste.


La sculpture cubiste

L’apport esthétique des sculpteurs au cubisme ne peut être considéré comme équivalant à celui des peintres : exprimer des volumes par la multiplicité des points de vue est naturel à la sculpture. C’est Picasso qui, le premier, applique à des œuvres à trois dimensions la tentative de décomposition d’un objet et de synthèse de ses éléments (Tête de femme, bronze, 1909). Parallèlement à lui et fasciné comme lui par les arts primitifs, Brâncuşi* entreprend de simplifier à l’infini la forme humaine (Muse endormie, 1909 ; le Baiser, 1910).

Ces inventions sont très vite suivies par celle des trois principaux sculpteurs du cubisme : Archipenko, Csáky et Duchamp-Villon.


Alexander Archipenko*

Arrivé à Paris en 1908, il apparaît comme le premier sculpteur cubiste avec ses « sculpto-peintures », où sont intégrés dès 1910 des éléments transparents. Il figure les objets par les intersections de leurs plans (Tête, 1913) ; il expérimente les contrastes d’évidement et de relief en suggérant les pleins par les creux (le Gondolier, 1914).


Joseph Csáky

(Szeged, Hongrie, 1888 - Paris 1971). À partir de 1911, il expose avec les cubistes des constructions géométriques et des reliefs polychromes qui sont l’application systématique des théories du cubisme. Il rêve d’élever celui-ci au rang d’un nouveau classicisme.


Raymond Duchamp*-Villon

s’attache à rendre la densité des formes géométriques (Portrait de Baudelaire, 1911), puis le dynamisme, la suggestion de mouvement que présupposent les formes spirales ou hélicoïdales, et la discontinuité des masses (le Cheval, 1914).

Laurens, Lipchitz et Zadkine contribuent aussi à cette libération de la sculpture.


Henri Laurens*

rejoint le mouvement en 1911. Constructions de bois, de pierre et de métal, reliefs polychromes illustrent son style un peu archaïsant, qui s’orientera plus tard vers des formes curvilignes.


Jacques Lipchitz*

adopte à partir de 1915 la réduction des apparences à des schémas géométriques. Il compose des architectures austères (l’Homme à la guitare, 1918) et ne revient qu’à partir de 1925 à des formes plus sinueuses.


Ossip Zadkine

(Vitebsk 1890 - Neuilly-sur-Seine 1967) est l’un de ceux qui adhèrent le plus nettement au cubisme. Il utilise les emboîtages de volumes, le style monolithique, la polychromie. La suite de son œuvre, par sa stabilité et ses déformations volontaires, à valeur expressionniste*, répond bien à l’idéal de sa jeunesse.

Certains artistes attachent une importance particulière aux propriétés plastiques du métal que Picasso a mises en évidence. Il s’agit de Pablo Gargallo (1881-1934) et de Julio González* (1876-1942), pour lesquels la sculpture devient une formulation capricieuse de l’espace à travers des plans irréguliers, des tubulures, des pointes, des festons.

Beaucoup moins cohérente que la peinture, la sculpture cubiste, par ailleurs, porte en elle les germes essentiels que développera l’abstraction (v. sculpture du xxe s.).