Árta

Ville de Grèce, en Épire, chef-lieu de nome, près du golfe d'Árta.

  • Population : 43 166 hab. (recensement de 2011)

C'est dans le but d'établir un point d'appui en Grèce continentale que Corinthe, au viie siècle avant J.-C., envoya des citoyens près de l'actuel golfe d'Árta pour y fonder une colonie. Cette ville, nommée Ambracie, resta fidèle à sa mère patrie durant tous les conflits qui opposèrent les cités grecques à travers leur histoire. Alliée de Corinthe contre Corcyre (Corfou) en 435 puis en 433, Ambracie lui fournit des trières qui prirent part à deux rencontres malheureuses à l'embouchure du golfe et aux îles Sybota. Lors de la guerre du Péloponnèse elle fut l'alliée de Sparte contre Athènes et eut à lutter contre ses voisins d'Argos d'Amphilochicon. C'est encore aux côtés de Corinthe et de Sparte et contre Athènes que, lors de l'expédition de cette ville en Sicile (415-413), on trouve les trières d'Ambracie.

Soumise aux Macédoniens, comme le reste de la Grèce, après la bataille de Chéronée (338 avant J.-C.), elle fut occupée par une garnison macédonienne ; à l'avènement d'Alexandre le Grand (336), Ambracie tenta vainement de secouer le joug macédonien en chassant sa garnison, avant d'être conquise par Pyrrhos, roi d'Épire, qui la rattacha à son royaume vers 295 et en fit sa capitale. Après que Pyrrhos eut trouvé la mort sous les murs d'Argos, en 272, la ville revint à ses successeurs, qui y régnèrent jusqu'à l'assassinat de la dernière représentante de la dynastie, vers 232.

Ambracie fut en son temps l'une des plus belles cités de Grèce ; les rois d'Épire y avaient rassemblé des collections de statues, de sculptures et d'objets d'art ; tout cela fut pillé par les Romains, après la prise de la ville par Fulvius Nobilior, en 189 avant J.-C. Ambracie ne se releva jamais de ces destructions et c'est une localité de peu d'importance que, après sa victoire d'Actium sur Marc Antoine (31 avant J.-C.) et la fondation de Nicopolis en commémoration de ce succès, Auguste dépeupla au profit de la ville nouvelle.

Au xie siècle, une nouvelle cité, nommée Árta, fut élevée sur ce site. Au commencement du xiiie siècle, sous les Byzantins, elle devint la capitale des despotes d'Épire, un État indépendant fondé par Michel Ier Ange Comnène, et jouit alors d'une grande prospérité. Après la disparition du despotat d'Épire (1318), elle fut prise par les Turcs en 1449.

Pour en savoir plus, voir l'article Empire byzantin : histoire.

Árta fut ensuite l'un des quatre établissements de terre ferme des possessions de Venise dans la mer Ionienne et passa un moment sous la souveraineté française, à la suite du traité de Campo-Formio (1797). Après la victoire des Turco-Russes en 1799, Árta obtint une quasi-indépendance. Ali de Tébélen, pacha de Jannina, parvint cependant, en 1806, à la faire entrer dans ses domaines ; après sa chute (1822), elle retomba sous l'autorité de la Sublime Porte. Elle redevint grecque en 1881, avec le reste de la Thessalie, mais resta séparée de l'Épire, toujours ottomane, jusqu'en 1913.