lac Léman

Rhône-Alpes, le lac Léman
Rhône-Alpes, le lac Léman

Lac d'Europe (Suisse et France), au N. des Alpes de Savoie, traversé par le Rhône.

GÉOGRAPHIE

La situation

Situé à 375 m d'altitude, entre le Jura et le Mittelland au nord et les Préalpes du Chablais au sud, le lac Léman dessine la forme d'un croissant long de 72 km. D'une superficie de 582 km2 ; il est partagé entre la Suisse (348 km2) et la France (234 km2), ce qui en fait le plus grand des lacs subalpins. Un fort saillant de sa rive méridionale, en face de Nyon, le divise en deux bassins : à l'E. le Grand Lac (largeur maximale de 13,8 km), et à l'O., près de Genève, le Petit Lac (ce dernier est parfois appelé « lac de Genève »).

Le lac Léman occupe une dépression qui résulte du surcreusement effectué par l'ancien glacier du Rhône dans une région où les roches, affectées par des mouvements tectoniques contemporains de la surrection alpine, offraient une moindre résistance. À cet endroit, les plis alpins connaissent un décrochement. À l'ouest, les structures jurassiennes exercent une influence prédominante. Le couloir du Léman constitue l'exutoire principal du Mittelland, qui domine le lac, en moyenne, de 100 à 200 m. La profondeur du lac est actuellement de 310 m. Le lac est entouré de terrasses caillouteuses étagées, accumulées par les eaux de fonte du glacier et par les torrents que barrait vers l'aval le glacier du Rhône. Ces terrasses marquent les étapes nombreuses de l'abaissement du lac jusqu'à son niveau actuel. Elles sont particulièrement bien développées, sur la rive française, aux environs de Thonon-les-Bains et, sur la rive suisse, ont une étendue considérable, entre Genève et Lausanne, où elles ont déterminé le paysage morphologique actuel. La granulométrie des roches est variable et en fait des terres perméables où les sols s'égouttent généralement bien. Ce sont les meilleurs terroirs pour la vigne, surtout lorsqu'ils sont exposés au sud.

La formation

À l'époque préglaciaire, il est vraisemblable que le Grand Lac s'écoulait vers la dépression de la Venoge (au nord de Lausanne), en direction du Mittelland, et notamment vers le lac de Neuchâtel. Cette partie de la Suisse était donc drainée vers le Rhin. À l'époque günz, le glacier du Rhône surcreusa la vallée molassique et donc le Grand Lac. On pense que le Petit Lac est l'élargissement provoqué par les glaciers d'une vallée affluente de l'Arve. C'est en partant de cet élargissement que le Grand Lac aurait été capturé. Cette capture bouleversa l'hydrologie du lac et le drainage d'une partie de la Suisse. Le goulet d'étranglement du Rhône dans le Jura (défilé de l'Écluse) a été provoqué par des dépôts morainiques, si bien que les eaux du lac s'accumulèrent un moment jusqu'à une altitude de 425 m, submergeant de larges étendues dans les actuels cantons de Genève et de Vaud. L'enfoncement du Rhône provoqua l'abaissement de la nappe d'eau au stade actuel de 372 m. L'érosion postglaciaire a entamé ces terrasses, mais elles sont encore nettement visibles à l'ouest de Lausanne.

Les aspects hydrologiques

Le lac Léman est traversé, d'est en ouest, par le Rhône, qui colmate de ses alluvions la partie amont – où il édifie un delta (la Bataillère) – et qui en sort à Genève par une percée de l'arc morainique qui retient le lac. Un système d'écluses, établi à Genève, permet d'atténuer les variations du niveau du lac dues aux irrégularités des régimes des torrents qui l'alimentent (Rhône, Morge, Veveyse, Venoge, Versoix, Drance).

La température de l'eau atteint 20 °C en moyenne, en été, jusqu'à 30 m de profondeur. Le lac connaît de rapides variations de niveau (seiches), quasi quotidiennes, dues à une brusque dépression causée par le vent ou la pression atmosphérique, qui ont pour effet de comprimer la nappe. Le lac Léman appartient à la catégorie des lacs dimictiques, c'est-à-dire que ses eaux se mélangent complètement deux fois par an, au printemps et à l'automne, renouvelant ainsi l'oxygène des eaux profondes. Ce phénomène lui permet d'avoir une faune et une flore très riches, menacées par la pollution urbaine et industrielle, par eutrophisation, contre laquelle luttent des stations d'épuration.

Le climat

Sur le plan climatique, les bords du lac sont nettement favorisés par rapport aux hauteurs encadrantes. Les températures sont relativement élevées, et les hivers peu rudes. Janvier a une moyenne de 1,8 °C à Genève et de 0,2 °C à Lausanne (à 553 m d'altitude). Nulle part, aux abords du lac, la moyenne de janvier n'est inférieure à 0 °C. Juillet est relativement chaud : 18,8 °C à Genève et 18,2 °C à Lausanne. La moyenne est de 2 °C plus élevée que dans le Mittelland. Le régime thermique est favorable à la viticulture, qui s'est bien développée sur la rive nord constituant un gigantesque adret. L'encadrement montagneux explique les fortes précipitations : 916 mm à Genève et 1 064 mm à Lausanne. 40 % des précipitations tombent en quatre mois, de juin à septembre. La durée d'insolation est une des plus élevées en Suisse : 1 700 heures par an en moyenne pour la rive nord. Juillet comptabilise 250 heures de soleil. Mais septembre, avec 223 heures, est encore favorisé et explique les beaux automnes (ces conditions thermiques permettent une bonne maturation des raisins). La neige tombe pendant moins de trente jours. On ne compte, en moyenne, qu'une vingtaine de jours de brouillard sur les bords du lac. Par contre, les orages sont fréquents.

Les activités

L'énorme masse des eaux du Léman a une action adoucissante sur le climat, ensoleillé, surtout sur la rive septentrionale, ce qui favorise la polyculture, les herbages et les vignobles. En particulier, sa rive septentrionale, dans le canton de Vaud, forme un magnifique adret ensoleillé, aux températures plus clémentes que celles des collines suisses ; c'est le type du bon pays, avec Lavaux à l'E. et la Côte à l'O., coteaux couverts de vignobles, aux villages coquets, qui tirent d'importantes ressources du tourisme. Sur la rive méridionale, en France, le Chablais porte des vignobles (notamment vers Crépy et Marin).

Le lac Léman se situe sur la grande voie de passage menant de la vallée du Rhône à la vallée du Rhin et du Danube. La rareté des matières premières n'a guère permis le développement industriel. Aussi les communes et les villes ont-elles des fonctions tertiaires prédominantes qui ne gâchent pas les paysages. Des grandes entreprises (comme Nestlé à Vevey) ont établi leur siège dans les cités riveraines. Les bords du lac forment une zone de loisirs et de tourisme de réputation internationale. Les rivages sont bordés de nombreuses villes, tant en France qu'en Suisse, centres de villégiature et de conférences (Genève, Lausanne), stations climatiques et thermales (Évian-les-Bains, Montreux, Thonon-les-Bains, Vevey), où ont lieu expositions, foires et festivals. Seule Genève, située à l'extrémité du lac, a une fonction commerciale et industrielle importante.