Jean Weissenbach

Généticien français (Strasbourg 1946).

Fils de pharmacien, il s’engage d’abord dans la voie paternelle en suivant, lui aussi, des études de pharmacie, à Strasbourg. Mais, très vite, il bifurque vers la biologie moléculaire, par intérêt personnel. En 1977, il obtient son doctorat ès sciences à l’université Louis-Pasteur de Strasbourg, avec une thèse sur le séquençage et l’étude des propriétés codantes des A. R. N. de transfert. Lors de son stage post-doctoral, de 1977 à 1981, effectué à l’Institut Weizmann puis à l’Institut Pasteur, il commence à travailler sur les gènes d’interférons humains. À l'Institut Pasteur, il se familiarise avec les techniques, très récentes à l’époque, de l’A. D. N. recombinant, qui permettent de cloner des fragments d’A.D.N. et d’isoler des gènes. Cela l’amène à la génétique moléculaire humaine, qui devient son domaine de recherche à partir de 1982. Il entreprend tout d'abord des recherches sur les chromosomes sexuels. Son équipe parvient notamment, pour la première fois, à cartographier le chromosome Y et à cerner le segment d’A. D. N. qui contient le gène responsable de la détermination du sexe masculin.

La première carte génétique humaine

Au début des années 1990, il se lance dans l’aventure de la cartographie du génome humain, avec le Centre d’étude du polymorphisme humain (CEPH), dirigé par Daniel Cohen. Il est convaincu que l'élaboration d'une carte génétique détaillée, autrement dit d’une collection de petites séquences d’A.D.N, appelées marqueurs, occupant chacune une position unique sur l'un des chromosomes, permettra de se repérer dans le génome et de localiser des gènes responsables de maladies. Les marqueurs auxquels il s'intéresse sont les microsatellites, des séquences d'A.D.N. présentant un court motif de maillons répété, qui sont à la fois nombreuses, régulièrement réparties sur l'ensemble du génome et de longueur variable selon les individus.

Pour mener à bien ce projet, Jean Weissenbach participe à la création du Généthon, financé par l’Association française de lutte contre les myopathies. Dès 1992, avec son équipe, il obtient une première carte très prometteuse. Quatre ans plus tard, plus de 5 000 marqueurs ont été repérés : ils constituent la première carte génétique de haute résolution. Grâce à elle, environ 700 gènes responsables de maladies génétiques seront découverts très rapidement par différentes équipes dans le monde, dont celle de Jean Weissenbach.

Le séquençage des génomes

Après cette première étape, indispensable pour la mise au point de tests de diagnostic prénatal, il est nécessaire d'accéder à la séquence et aux mutations des gènes incriminés, pour étudier ces gènes et aller plus loin dans la compréhension des pathologies qui leur sont associées. C'est tout l'intérêt du séquençage du génome humain.

En 1997, Jean Weissenbach est nommé à la tête du Genoscope - Centre national de séquençage, qu'il met sur pied à Evry (Essonne). Il rejoint le consortium public international qui, malgré la concurrence initiale du privé, est le seul à obtenir une séquence complète du génome humain en 2003. Reste alors à repérer les gènes au sein de cette séquence. À cette fin, l’équipe de Jean Weissenbach compare la séquence du poisson tétraodon avec celle de l’homme et identifie les régions conservées au cours de l'évolution qui, le plus souvent, contiennent les gènes. Il parvient ainsi à faire une première estimation réaliste du nombre de gènes dans le génome humain. Puis se succèderont le séquençage des génomes de l’arabette, de l’anophèle, du riz, de la paramécie, de la vigne, mais aussi de bactéries inconnues impossibles à cultiver. Convaincu que l’étude génétique des micro-organismes peut s’avérer extrêmement féconde, Jean Weissenbach en a fait une priorité au Genoscope. Son équipe se penche notamment sur les communautés bactériennes vivant dans les boues d’épuration, dans le but d’identifier de nouvelles activités enzymatiques utiles à l’industrie chimique.

En 2007, Jean Weissenbach prend la direction de l’Institut de génomique nouvellement créé au sein de la Direction des sciences du vivant du Commissariat à l’énergie atomique. Membre de l’Académie des Sciences depuis 1998, il reçoit en 2008 la médaille d’or du CNRS.