Félix Vicq d'Azyr

Médecin et anatomiste français (Valognes 1748-Paris 1794).

Félix Vicq d'Azyr fait ses études secondaires à Valognes, dans la Manche, où son père est médecin, puis il s'engage, lui aussi, dans la carrière médicale. En 1772, il soutient une thèse, très remarquée, sur le Mécanisme qui, dans la structure de la tête, tend à rompre et à absorber la force des différentes espèces de choc et de percussion. L'année suivante, il ouvre un cours gratuit d'anatomie comparée à l'École de médecine. Cette initiative est très mal vue des professeurs de la faculté, qui lui interdisent l'accès à l'amphithéâtre. Il obtient cependant la suppléance d'une chaire d'anatomie comparée au Jardin du Roi – le futur Muséum national d'histoire naturelle. Comme il ne peut devenir titulaire de cette chaire quand elle se libère, il ouvre un cours privé d'anatomie qui connaît un tel succès que la faculté finit par lui confier, en 1774-1775, un cours sur cette matière.

Son enseignement brillant, l'importance de ses travaux personnels lui ouvrent, à 26 ans, les portes de l'Académie des sciences. On fait appel à lui pour enrayer une épidémie de peste bovine qui décime le bétail du midi de la France, et il donne un Nouveau Plan de conduite pour détruire la maladie épizootique. Fondateur, en 1776, puis secrétaire perpétuel de la Société royale de médecine – chargée entre autres de lutter contre les épidémies et de veiller sur l'hygiène publique –, il organise celle-ci et entretient une correspondance suivie avec de nombreux médecins, qu'il conseille et oriente dans leur action en faveur de la santé. Il enseigne en outre l'anatomie comparée à l'École vétérinaire d'Alfort.

Vicq d'Azyr entre en 1778 à l'Académie française. Un an plus tard, la reine Marie-Antoinette le choisit comme médecin. Quand survient la Révolution, il s'intéresse aux idées nouvelles qu'elle propage. Il établit en 1790 un plan de réforme de la médecine, dans lequel il insiste notamment sur la nécessité de réunir la médecine et la chirurgie, et de transformer la Société royale en une Académie de médecine chargée d'examiner les remèdes nouveaux, d'étudier les mesures de salubrité publique et de mener la lutte contre les épidémies (l'Académie ne verra le jour qu'une trentaine d'années plus tard). Sa situation de médecin de la reine rend bientôt le savant suspect. Il refuse pourtant d'émigrer au moment de la Terreur et a le chagrin de voir mourir sur l'échafaud plusieurs de ses amis, tel l'illustre Antoine Laurent de Lavoisier. Au début de 1794, sa santé s'altère. Une pneumonie l'emporte au mois de juin à l'âge de 46 ans.

Vicq d'Azyr a fait faire à l'anatomie comparée des progrès décisifs qui ouvrirent la voie aux travaux de George Cuvier. Il comprit très vite, en effet, que la meilleure façon de connaître et d'expliquer l'homme était d'établir des comparaisons dans le cadre de l'organisation des vertébrés, de rechercher les relations existant entre les organes et les fonctions. Esprit moderne, il considérait également comme très importants les rapports de l'animal avec son environnement. La conformité qu'il constatait entre la structure des organes et le genre de vie l'incitait à croire à l'existence d'une adaptation des animaux à leur milieu. Ses principaux travaux de zoologie ont porté sur les poissons cartilagineux, les singes cercopithèques, les marsupiaux, la structure du cerveau, la structure de l'ouïe des oiseaux comparée à celle des mammifères, l'évolution de l'embryon de poulet dans l'œuf. Il a aussi étudié tout particulièrement l'instrument vocal de nombreux animaux et cherché à comprendre, par exemple, pourquoi les singes poussent des « cris sourds et étouffés » alors que les cygnes et les hérons ont des « voix bruyantes » ou que d'autres oiseaux font entendre, à l'inverse, un chant mélodieux.

Un modèle général pour toute la création

Un modèle général pour toute la création



Vicq d'Azyr s'est attaché, comme Daubenton, à l'idée qu'il existerait un plan de composition pour l'ensemble des êtres vivants. « La nature, écrit-il, semble opérer toujours d'après un modèle primitif dont elle ne s'écarte qu'à regret et dont on retrouve partout des traces. » Et, plus loin, il ajoute : « Peut-on se défendre de cette pensée en voyant le plus intelligent peut-être de tous les animaux, l'éléphant, pourvu d'un carpe, d'un métacarpe et de doigts semblables à ceux de l'homme, mais encroûtés dans une masse solide qui s'oppose à leurs mouvements et réduit ces grands animaux, sous ce rapport, à la condition des solipèdes ? »