Danielle Dona Esther Ebguy, dite Sapho

Auteure-compositrice et chanteuse franco-marocaine (Marrakech 1950).

Née dans une famille juive alors installée au Maroc, elle se fixe à Paris à l’âge de dix-huit ans. Elle y suit des cours de théâtre avec Antoine Vitez, mais décide de faire une carrière de chanteuse et prend le pseudonyme de Sapho, que lui inspire la poétesse grecque Sappho. Fascinée par la scène punk, elle enregistre deux albums, Janis (1980), en hommage à Janis Joplin, et Barbarie (1984), pour lequel elle signe des textes engagés comme Thatcher Murderer. Elle doit son premier succès à Passions, passons (1985), qui contient les tubes Carmel, Méthylène, Globo Night et Marrakech. Au retour d’un séjour en Amérique latine, elle publie El sol y la luna (1987), puis elle participe à un opéra de Michael Lévinas, la Conférence des oiseaux, et tient le rôle de Jenny dans l’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Son album de 1991, la Traversée du désir, contient une reprise de Parlez-moi d’amour, l'une des plus célèbres chansons des années 1920, ainsi qu’un hommage au grand poète palestinien Mahmud Darwich.

Chanteuse du monde comme elle se plaît à se définir, Sapho manifeste la même aisance en arabe, en français et en anglais. Impliquée dans la défense de la culture arabo-musulmane, elle produit en 1994 un spectacle hommage à Oum Kalsoum, El Atlal (« les Ruines »), qu’elle chante à Jérusalem, à Ramallah et à Bagdad, puis publie les albums Jardin andalou (1996), Digital Sheikha (1997), où elle interprète des chants traditionnels marocains sur fond d’arrangements électroniques, la Route nue des hirondelles (1999) et Orients (2003). Ce dernier opus, enregistré avec l’Orchestre de Nazareth, qui réunit des musiciens musulmans, juifs et chrétiens, se situe dans le droit fil de son total engagement en faveur de l’union des peuples du Proche-Orient. Sorti en 2008, l’album symboliquement intitulé Universelle mêle musiques arabo-andalouses, arrangements argentins, blues francophones et sonorités rock.

Rebelle et inclassable, Sapho privilégie l’expression musicale, mais elle est aussi romancière (Douce Violence, 1982 ; Il préférait la lune, 1987 ; Patio, opéra intime, 1995 ; Un mensonge, 1996 ; Beaucoup autour de rien, 1999), poétesse, comédienne et plasticienne – histoire encore et toujours de métissages.