Riley Ben King, dit B. B. King

Guitariste et chanteur de blues américain (Indianola, Mississippi, 1925-Las Vegas 2015).

Après une enfance passée à ramasser du coton dans une plantation, le jeune Riley Ben King, pris en charge par son cousin Bukka White, qui lui apprend les rudiments de la guitare, se rend régulièrement à Memphis pour y jouer le blues dans les rues de la ville. Un temps instituteur rural, King s'installe définitivement à Memphis en 1948, déterminé à « devenir une star ». Il est alors très influencé par le jeu de guitare swingant et jazzy de Lonnie Johnson, T-Bone Walker et Charlie Christian. C'est sur leur modèle qu'il forme son premier orchestre, avec lequel il enregistre pour Bullet, un petit label de Nashville, en 1949. Parallèlement, King trouve un emploi de disc-jockey sur une des principales stations de radio de Memphis. Sponsorisé par Pepticon, une marque de tonic, Riley devient Blues Boy (B. B.) King, qui, tous les soirs, présente les nouveaux disques de blues aux auditeurs noirs. Cela permet aussi à B. B. de faire la promotion de sa musique, disques et concerts, et de s'affirmer très rapidement comme un des jeunes bluesmen importants de la ville. Sa réputation lui permet de signer un contrat avec le label californien Modern, un des principaux indépendants de l'après-guerre, pour qui B. B. King enregistrera durant les dix années suivantes une œuvre prolifique. Le succès considérable de Three O'clock Blues propulse B. B. King au niveau national. À partir de 1952, il s'installe à Los Angeles, et tourne à travers tous les États-Unis à la tête d'une grande formation de treize musiciens inspirée des orchestres de swing. Il égrène succès sur succès (Sweet Sixteen, Everyday I Have The Blues, Sweet Little Angel, Ten Long Years …) et demeure constamment présent dans les hit-parades de musique noire.

Un modèle de classe. Le chant, qui marie les années d'enfant de chœur avec l'affectation d'une de ses idoles, Doctor Clayton ; le jeu de guitare, velouté, enveloppant et expressif, qui s'attarde sur une note vibrante avant d'exploser en une cascade d'arpèges ; l'ensemble, très homogène, cuivres omniprésents, section rythmique swingante ; les compositions, souvent à mi-chemin de la ballade sentimentale, entre Charles Brown et T-Bone Walker, rencontrent l'adhésion du public noir d'après-guerre. B. B. King, toujours impeccablement vêtu, aux allures de chef d'orchestre de grande allure — aux antipodes du bluesman du ghetto —, représente le modèle à suivre pour les Noirs durant cette période où la ségrégation se fissure. Le succès de B. B. King marque considérablement l'évolution du blues et suscite, parmi la nouvelle génération de musiciens noirs, des quantités d'émules ou d'imitateurs.

En 1960, lassé d'être exploité par le label Modern des frères Bihari, B. B. King signe un contrat chez ABC, avec l'intention de devenir un nouveau Ray Charles. S'il ne change pas sa musique sur le fond, B. B. King doit suivre les évolutions des goûts de la clientèle noire, de plus en plus tournée vers d'autres formes de chanson que le blues. Ses producteurs utilisent des arrangements pesants. Rien n'y fait : le succès de B. B. King — s'il se maintient davantage que celui des autres bluesmen — diminue beaucoup durant les années 1960. Et bien que son influence soit importante sur les jeunes guitaristes de blues-rock blanc (Mike Bloomfield, Eric Clapton, Peter Green, Stan Webb), B. B. King mettra longtemps avant de s'imposer auprès du nouveau public international du blues, qui favorise les approches plus ethniques de cette musique (John Lee Hooker, Muddy Waters).

Le retour. Cependant, en 1969, Thrill Is Gone, une version très arrangée de cordes d'un vieux standard californien de Roy Hawkins, le propulse de nouveau en tête des hit-parades de musique noire, mais aussi, pour la première fois, de variétés aux États-Unis. Durant les années 1970 et 1980, King s'associe avec de nombreux musiciens de rock comme Leon Russell, Carole King, U2 … Il réussit malgré tout à demeurer une figure très populaire chez les Noirs, enregistrant avec l'orchestre de jazz-funk les Crusaders. Il est en fait un des seuls bluesmen à continuer à vendre substantiellement des disques à sa communauté et à jouer le rôle de porte-parole autrefois traditionnellement dévolu au bluesman.

Mais B. B. King est aussi désireux d'accomplir une mission : celle de donner au blues le statut d'art. Une forme de respectabilité qui lui a été déniée durant la première moitié du siècle. Son succès auprès de tous les publics, son charisme, sa capacité à diriger sa carrière lui ont permis de devenir, de Tokyo à Moscou, de Lagos à Buenos Aires, le principal « ambassadeur du blues ».

En 2006, il entame une tournée d'adieu, affaibli mais soucieux avant tout de donner un spectacle de qualité et de faire vivre sa musique, le blues.

Il décède le 14 mai 2015 à Las Vegas des suites de complications liées à son diabète.

  • 1968 Lucille, chanson de B. B. King.