Primo Levi

Écrivain italien (Turin 1919-Turin 1987).

Primo Levi étudia la chimie à l'université de Turin. En 1944, alors qu'il était engagé dans la résistance antifasciste italienne, il fut victime des persécutions nazi-fascistes et déporté à Auschwitz. Son expérience lui permit d'être affecté à un kommando spécialisé en chimie au lager de Monowitz (usine de caoutchouc Buna, dépendant de IG Farben), où les déportés pouvaient espérer survivre.

Si c'est un homme (1947)

Revenu d'Auschwitz, Levi écrivit, entre décembre 1945 et janvier 1947, Si c'est un homme ; l'ouvrage est une dénonciation des camps nazis et un compte-rendu de la lutte quotidienne pour sauver sa dignité d'homme. Mais Levi y lance surtout un avertissement à prendre acte de la potentialité criminelle de l'être humain. Classique de la littérature italienne du xxe siècle, le récit fut monté au théâtre. Publié en 1963, la Trêve peut être considéré comme la continuation de Si c'est un homme, puisque Levi y raconte son errance à travers l'Europe dans les mois qui suivirent sa libération d'Auschwitz, le désordre mais aussi la joie qui régnait alors dans les territoires occupés par les Soviétiques, dont le récit oppose la dimension humaine à l'ordre criminel du nazisme.

Une œuvre marquée par la barbarie moderne

Sous le pseudonyme de Damiano Malbaila, Levi publia Histoires naturelles (1966), puis Vice de forme (1971) et les nouvelles du Système périodique (1975). Les formes et les thématiques s'enrichirent dans la Clef à molette (1978), Lilith et autres nouvelles (1981) et la Recherche des racines (id.), tandis que dans Maintenant ou jamais (1982), Levi donna une description sur le mode épique du rapatriement des militaires depuis l'Union soviétique. Il traduisit le Procès, de Kafka, ainsi que des textes de Claude Lévi-Strauss, composa des poèmes (L'osteria di Brema, 1975 ; Ad ora incerta, 1984). Il acheva son œuvre avec les Naufragés et les rescapés (1986). En 1987, Levi choisit de se donner la mort.

Un témoignage politique

À travers ses livres mais aussi à travers sa vie, Primo Levi a voulu que le nécessaire souvenir d'une entreprise politique criminelle ne s'efface jamais de la conscience de l'humanité ; ainsi, à côté de son œuvre écrite, Levi donna des conférences et participa à des rencontres, notamment avec des jeunes. Le regard qu'il portait sur l'Europe des années 1925-1945 ne se limitait pas à une critique d'un certain type de système dictatorial ; en 1976, il écrivait pour l'édition scolaire de Si c'est un homme que « le fascisme existait déjà avant Hitler et Mussolini, et il a survécu, ouvertement ou sous des formes dissimulées, à la défaite de la Seconde Guerre mondiale. Partout où, dans le monde, on commence par bafouer les libertés fondamentales de l'homme et son droit à l'égalité, on glisse rapidement vers le système concentrationnaire, et c'est une pente sur laquelle il est difficile de s'arrêter ».