Olivier Py

Auteur dramatique et metteur en scène de théâtre et d'opéra français (Grasse 1965).

L'expression d'une foi

Formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique à Paris, Olivier Py suit parallèlement l’enseignement du métier d’acteur et des études de théologie. Il a rêvé d’être prêtre et, comme auteur et metteur en scène, il fera entendre non pas des messages mais des échos chrétiens à l’intérieur d’œuvres qui peuvent aborder franchement la sexualité, les questions de perversion et de domination. En 1988, il fonde sa compagnie, L’Inconvénient des boutures, et obtient son premier succès avec l’une de ses premières pièces, Gaspacho, un chien mort, en 1991.

Écrivain fécond, il multiplie les spectacles et les publications. En 1995, au festival d’Avignon, il établit un record avec un spectacle d’une durée de vingt-quatre heures, la Servante : il ne s’agit pas d’une œuvre unique mais d’un cycle de cinq pièces et six dramaticules (courtes pièces dramatiques), avec les mêmes personnages et avec des intermèdes, sur le thème de la rencontre.

Une perpétuelle célébration du théâtre

L’inspiration d’Olivier Py est toujours double : elle est lyrique et farceuse. L’auteur aime employer le mot d’ « oraculaire » pour définir sa veine lyrique qui tend à être prophétique, dans la lignée de Paul Claudel, pour lui le maître absolu. Mais il aime aussi se référer au cirque et retrouver les facéties de l’enfance, en jouant parfois lui-même les rôles bouffons ou en conservant dans sa troupe des comédiens à la forte nature comique, comme Michel Fau ou Elizabeth Mazev. Le Visage d’Orphée (1995), l’Apocalypse joyeuse (2000), l’Exaltation du labyrinthe (2001), les Vainqueurs (2005), les Enfants de Saturne (2007) sont de grandes fresques qui, formellement, tiennent du mystère du Moyen Âge ou de l’auto sacramental, mais sont aussi de vastes fables symbolistes situées dans le monde contemporain. D’autres textes, tels que Épître aux jeunes acteurs (2000) ou Illusions comiques (2006), sont des pièces qui s’interrogent sur la nature du théâtre et la place de la création dans la société d’une manière cocasse et parodique.

Olivier Py a signé de nombreuses mises en scène au théâtre (dont le Soulier de satin, de P. Claudel, en 2003) et à l’opéra. Il a écrit pour le jeune public, notamment d’après les contes des frères Grimm (la Jeune Fille, le Diable et le Moulin, 1994). Il a écrit et chanté en travesti des chansons composées pour un double féminin imaginaire, la séduisante et mélancolique Miss Knife. Après avoir dirigé le Centre dramatique national d’Orléans (1998-2007), il a pris la direction de l’Odéon-Théâtre de l’Europe (2007-2012), à Paris : il y a notamment créé en 2008 sa traduction de l’Orestie d’Eschyle. En 2013, il prendra la direction du festival d'Avignon. Il est l’auteur d’un roman, Paradis de tristesse (2002), et d’un film réalisé pour la chaîne de télévision Arte, les Yeux ouverts (2000).

Quelles que soient sa richesse et sa diversité, l’œuvre d’Olivier Py est presque toujours une célébration du théâtre comme miroir de la capacité d’invention et d’émotion de l’espèce humaine. Dans la préface aux Illusions comiques, il écrit : « Dans l’art théâtral, quelque chose de la plus fondamentale aventure spirituelle est en train de se jouer... Là, parmi les accessoires et les tréteaux, une connaissance du fait humain bien plus indispensable que l’opinion et les faits divers est à l’œuvre. Ce ne sont pas les metteurs en scène qui pensent, c’est le théâtre lui-même, dans sa pratique, sa précarité, son prétexte. »