Milo Djukanović

Homme d'État monténégrin (Nikšić 1962).

1. L'allié de Slobodan Milošević

Fils d’un juge et d’une infirmière, il rejoint dès 1979 la Ligue des communistes de Yougoslavie, connaît une ascension rapide au sein de l'appareil du parti et acquiert en raison du tranchant de sa rhétorique, le surnom de Britva (« Rasoir »). Lorsqu'en 1989, Slobodan Milošević lance sa « révolution antibureaucratique », M. Djukanović y participe avec zèle aux côtés d'autres jeunes gens ambitieux – Momir Bulatović, Filip Vujanović, Svetozar Marović. En moins d’un an, ils éliminent les anciens cadres politiques et transforment la Ligue des communistes en parti démocratique des Socialistes (DPS). En février 1991, tandis que M. Bulatović devient président de la République du Monténégro, M. Djukanović accède à la fonction de Premier ministre (devenant le plus jeune chef de gouvernement de toute l'Europe). À ce poste jusqu’en 1997, il maintient la République monténégrine à distance des guerres qui ravagent les républiques sœurs de Yougoslavie (Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine) et l'entraîne vers une modernisation de grande ampleur.

2. Vers la rupture avec la Serbie

Opposé à l'homme fort de Belgrade depuis l'annulation par ce dernier des résultats des élections municipales en Serbie à l'automne 1996, M. Djukanović prend ses distances avec le président serbe S. Milošević et évoque la spécificité nationale des Monténégrins ainsi que la « souveraineté » de la petite république, tout en se rapprochant de l'Occident. S’étant assuré le soutien des minorités nationales, les communautés albanaise, musulmane et croate du Monténégro, il bat M. Bulatović au second tour de l'élection présidentielle, en octobre 1997, et devient président de la République en janvier de l'année suivante. Après la fin de son mandat de président (mai 2003), il s'engage activement en faveur du compromis proposé par l'Union européenne qui prévoit la formation d'une Union de Serbie-et-Monténégro remplaçant la République fédérale de Yougoslavie (RFY) et offrant la possibilité pour chacune des deux républiques d'organiser un référendum d'autodétermination au terme d'une période de trois ans.

3. Le père de l’indépendance

Après le référendum sur l’indépendance du 21 mai 2006 qui voit la victoire du « oui » et au lendemain de celle du DPS aux élections législatives de septembre 2006, M. Djukanović choisit de ne pas briguer un nouveau mandat de Premier ministre et se contente de diriger le DPS. De retour à la tête du gouvernement en février 2008, celui que l'on considère comme le père de l'indépendance du Monténégro est confronté à une situation économique et sociale considérablement dégradée en raison de la crise économique mondiale. Après avoir amplement réformé son pays, il démissionne en décembre 2010, quelques jours après la décision des dirigeants européens d’accorder au Monténégro le statut de candidat à l’UE, auquel il aspirait depuis 2008.

Personnalité controversée, il conserve toutefois ses fonctions de président du DPS et reste l’homme fort du pays. Dernier représentant de la génération des dirigeants au pouvoir lors de l’éclatement de la Yougoslavie, il est ainsi réélu pour son cinquième mandat de Premier ministre en décembre 2012 à la suite de la victoire de la coalition DPS/SDP aux élections législatives anticipées.

Pour en savoir plus, voir l'article Monténégro.