Anne Frank

Auteur d'un célèbre Journal (Francfort-sur-le-Main 1929-camp de concentration de Bergen-Belsen 1945).

Israélite allemande émigrée avec sa famille aux Pays-Bas en 1933, elle écrivit, de 1942 à 1944, un Journal relatant leur vie et leur crainte quotidienne d'être découverts par les hitlériens.

Une enfance allemande

Née le 12 juin 1929, Anne Frank est issue d’une famille juive libérale vivant à Francfort-sur-le-Main. Son père Otto a combattu dans l’armée allemande durant la Grande Guerre de 1914-1918. Sa mère Edith a déjà donné le jour au premier enfant de la famille, Margot, en 1926.

En 1929, la crise en provenance des États-Unis touche l’Allemagne de plein fouet. La situation économique et sociale y est critique : l’inflation est forte, la monnaie s’effondre, des millions de personnes connaissent la misère et le chômage. C’est dans ce contexte que progresse le « parti national-socialiste des travailleurs allemands » (NSDAP) dirigé par Adolf Hitler. Celui-ci, n’acceptant pas la défaite de l’Allemagne ni le traité de Versailles, accuse les Juifs et les communistes d’être à l’origine de la crise. Nommé chancelier du IIIe Reich le 30 janvier 1933, Hitler obtient les pleins pouvoirs le 23 mars. Inquiet devant la discrimination croissante qui frappe la communauté juive, Otto Frank décide de mettre sa famille à l'abri. Dès l'été 1933, il émigre à Amsterdam dans l’idée de fonder une société spécialisée dans la vente de gélifiant pour confitures.

La vie aux Pays-Bas

L'exil

Edith rejoint son mari en septembre 1933 tandis que les deux sœurs vont à Aix-la-Chapelle chez leur grand-mère. Margot gagne Amsterdam en décembre, Anne en février. Ces années confirment la montée en Allemagne de l’antisémitisme, du racisme et de la xénophobie. Les lois de Nuremberg (1935) définissent les Juifs en tant que « race ». Les entreprises appartenant à des Juifs sont « aryanisées » : les propriétaires sont contraints de vendre, les employés licenciés. Entre 1933 et 1945, le parti national-socialiste aura ainsi édicté près de 2 000 ordonnances et décrets antijuifs.

En mai 1940, les Pays-Bas sont envahis par l’armée hitlérienne. Le même régime de répressions et de persécutions va y être appliqué. « À partir de mai 1940, écrit Anne Frank, c’en était fini du bon temps, d’abord la guerre, la capitulation, l’entrée des Allemands, et nos misères à nous les juifs ont commencé. Les lois antijuives se sont succédé sans interruption et notre liberté de mouvement fut de plus en plus restreinte. » En effet, aux Pays-Bas, les fonctionnaires juifs sont destitués dès novembre 1940. En 1941, la carte d’identité des Juifs est estampillée d’un « J ». En mai 1942, les Juifs âgés de plus de six ans sont contraints de porter une étoile jaune distinctive. Le 5 juillet 1942, Margot Frank est convoquée pour aller dans un camp de travail. Craignant la déportation dans un camp de concentration, la famille entre dans la clandestinité.

La clandestinité

Le 6 juillet 1942, les Frank – ainsi que quatre autres personnes (Fritz Pfeffer [1889-1944], Hermann [1898-1944] et Auguste van Pels [1900-1945] et leur fils Peter [1926-1945]) – prennent possession de « l’Annexe », une cache située au-dessus des bureaux d’Opekta, l’entreprise d’Otto Frank au n° 263 du Prinsengracht à Amsterdam. Les lieux sont exigus, l’entrée de l’Annexe est masquée par une bibliothèque pivotante. De 9 à 17 heures, les occupants ne doivent faire aucun bruit sous peine d’être entendus et dénoncés par les personnes travaillant aux étages inférieurs. Ils vivront ainsi pendant plus de deux ans, aidés et protégés toutefois par quatre employés mis dans la confidence et qui leur fourniront de la nourriture. Pour cet acte de résistance fraternel, Miep Gies (1909-2010), Johannes Kleiman (1896-1959), Victor Kugler (1900-1981) et Bep Voskuijl (1919-1983) seront décorés, après la guerre, du titre de Justes parmi les nations, décerné par le Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.

Durant ces années de clandestinité, Anne Frank consigne ses pensées, ses espoirs et sa détresse dans un cahier relié qu'on lui a offert à l'occasion de son treizième anniversaire. S’adressant à Kitty, une amie imaginaire, elle écrit le 11 mai 1944 : « Tu sais que mon souhait le plus cher est de devenir un jour journaliste et, plus tard, un écrivain célèbre. Après la guerre, je veux en tout cas publier un livre intitulé l’Annexe. » Mais dans la matinée du 4 août 1944, la police allemande fait irruption dans l'entrepôt et arrête les huit occupants. L'opération est dirigée par le sous-officier SS Karl Josef Silberbauer. Après la fouille, Miep Gies et Bep Voskuijl retrouvent miraculeusement le journal tenu par Anne Frank, ainsi que ses cahiers et de multiples feuilles volantes. Miep Gies les mettra sous clé dans l’espoir de les lui rendre ultérieurement.

La déportation

D’abord conduits au camp de transit néerlandais de Westerbork (8 août), les huit occupants de l’Annexe sont déportés au camp de concentration d’Auschwitz Birkenau (3 septembre), au sud de Cracovie. Anne et Margot, « sélectionnées » car jugées aptes à travailler, sont ensuite transférées en Allemagne, au camp de concentration de Bergen-Belsen (fin octobre). C’est là que, malades du typhus, elles meurent d’épuisement et de faim en mars 1945, quelques jours avant l’arrivée des troupes britanniques (15 avril). Leur mère s’éteindra à Auschwitz le 6 janvier 1945. Sur les huit compagnons d'infortune, seul Otto Frank (1889-1980) réchappera des camps de la mort.

À l'initiative de ce dernier, le Journal d’Anne Frank est paru aux Pays-Bas en 1947 et l'Annexe est devenue un musée en 1960. Réhabilitée entre 1996 et 1999, la Maison Anne-Frank reçoit aujourd’hui annuellement près d’un million de visiteurs.