Mohamed ElBaradei

Diplomate et homme politique égyptien (Le Caire 1942).

Partisan de la négociation

Inaugurant sa carrière dans les services diplomatiques égyptiens pour lesquels il sert notamment au siège de l'ONU à New York puis à Genève (1964-1980), ce juriste de formation, titulaire d'un doctorat en droit international, devient haut-fonctionnaire aux Nations unies. En 1984, il intègre l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), où il est conseiller puis directeur du service juridique. Assistant du directeur général pour les relations extérieures (1991-1997) – un poste créé pour lui par le diplomate suédois Hans Blix – il est responsable des relations avec les pays membres de l'AIEA. Sa spécialisation dans les champs de la coopération technique et de la sûreté nucléaire lui vaut d'être nommé à la direction de l'agence onusienne en 1997, à laquelle il sera réélu en 2001 et 2005. Cette même année, il reçoit, conjointement avec l'AIEA, le prix Nobel de la paix pour avoir réfuté, en vain, devant le Conseil de sécurité les « preuves » apportées par l'administration Bush affirmant l'existence d'armes de destruction massive en Iraq, principale raison avancée par les États-Unis pour justifier une intervention militaire contre le régime de Saddam Husayn. L'avenir lui donnera raison.

Convaincu de l'inefficacité des sanctions et de l'usage de la force, il se démarque à nouveau de la ligne intransigeante adoptée par les États-Unis, Israël et la France à l'égard de l'Iran, et de celle adoptée par les États-Unis et le Japon à l'égard de la Corée du Nord, sur la question des armes nucléaires.

Chef de file de l'opposition laïque et libérale égyptienne

Opposant au régime du président égyptien Hosni Moubarak, Mohamed ElBaradei, de retour dans son pays (février 2010), crée son propre mouvement politique, l'Agence nationale pour le changement (ANC). Aux côtés des manifestants dès les premiers jours de la révolte populaire contre le régime en janvier 2011, il condamne l'usage de la répression contre ces derniers, qui le désignent porte-parole de l'opposition laïque et libérale afin de négocier avec H. Moubarak. Il présente officiellement sa candidature à l'élection présidentielle de juin 2012, mais ne parvenant pas à déjouer la campagne de dénigrement lancée contre lui par l'armée et les Frères musulmans renonce à se présenter. Critique du pouvoir des militaires durant la période de transition, M. ElBaradei s'impose, à la tête de son parti al-Dostour (« Constitution ») puis du Front du salut national – une coalition hétéroclite de formations d'opposition laïque et libérale lancée en novembre 2012 –, comme l’un des principaux détracteurs du président Mohamed Morsi issu des Frères musulmans.

Peu après la déposition de ce dernier par l’armée (3 juillet 2013), M. ElBaradei, un temps pressenti pour devenir Premier ministre, devient vice-président en charge des relations internationales dans le gouvernement de transition aussitôt mis en place. Mais, en désaccord avec l'option sécuritaire retenue par celui-ci, il démissionne (14 août).

Pour en savoir plus, voir l'article Égypte : vie politique depuis 1952.