Charles Hardin Holley, dit Buddy Holly

Chanteur de rock américain (Lubbock, Texas, 1936-Clear Lake, Iowa, 1959).

Les lunettes les plus célèbres du rock, loin devant Elton John et Elvis Costello … Sur la pochette de son premier album, l'escogriffe pose tout raide, engoncé dans un costard étriqué, sur fond de collines boisées, le regard noyé derrière d'épais verres, le sourire ingénu découvrant une dentition immaculée. Pas étonnant qu'il ait péri en voulant nettoyer ses chemises, entre deux concerts… Car toute sa courte vie, Buddy le gentil s'est drapé de probité candide et de rock blanc.

Rural. Charles Hardin Holley est né au milieu des champs de coton, dans un de ces trous perdus du cœur de l'Amérique profonde, la petite ville de Lubbock, Texas. À six ans, il apprend le violon, mais l'abandonne bien vite pour empoigner une guitare. Avec son copain de lycée, Bob Montgomery, il forme un duo. Bob compose — de fades chansons dans le style country tex-mex en vogue —, Buddy se contente de chanter et de gratter son instrument. Tous deux ont même leur propre show à la radio locale et assurent les premières parties des stars de l'époque, Bill Haley et Elvis Presley. Ces premiers vagissements seront réédités, beaucoup plus tard, sous le titre de Buddy In The Hills. Mais c'est en solo que notre Holly plein d'allant, remarqué par Jim Denny, de chez Decca, gravera son premier 45 tours. Sans trop de succès. Il décide alors de constituer son propre groupe, les Crickets, avec le batteur Jerry Allison, le bassiste Joe Mauldin et le guitariste Niki Sullivan. Sous la houlette de Norman Petty, le producteur qui ne le quittera plus, il réenregistre une chanson qui deviendra son premier tube, That'll Be The Day (№ 1 au États-Unis et en Grande-Bretagne), inspirée d'une phrase prononcée par John Wayne dans le film de John Ford la Prisonnière du désert. D'autres suivront, sous son propre nom ou sous celui des Crickets, comme Peggy Sue (anecdotiquement, c'est le nom de la fiancée du batteur des Crickets), Oh Boy, Maybe Baby ou Rave On. Sans oublier les véritables classiques que sont devenus Everyday, Well All Right ou Not Fade Away. Le style de Buddy consiste en une sorte de rockabilly limpide et romantique, à la fois enjoué et émouvant, aux guitares clairettes et concises, enrichies d'écho. Rien à voir avec les attitudes rebelles d'Elvis ou de Gene Vincent. Buddy, lui, représente le gendre idéal, un baladin rassurant qui chante la vie quotidienne avec ses peines de cœur et ses joies simples, du flirt au mariage… Des hymnes à l'adolescence égrenés d'une voix à la pureté mélodique qui oscille entre rire et larmes.

Postérité. L'adolescence, Buddy la quitte en 1958, année de son mariage avec une jeune Portoricaine, Maria Helena Santiago. Il quitte aussi son groupe, les Crickets, qui, deux ans après, inspireront un autre nom d'insectes à un petit orchestre de Liverpool, les Beatles… Holly en solo enregistre des chansons comme True Love Ways ou Moondreams. En 1959, il s'embarque avec son nouvel orchestre (Waylon Jennings, future star de la country, y joue de la basse) dans une tournée américaine, intitulée The Biggest Show Of Stars. Il en partage l'affiche avec les Platters, The Big Bopper (auteur du tube de l'année Chantilly Lace), Dion et les Belmonts, ainsi que Ritchie Valens, l'interprète de La Bamba. Le 2 février, ils donnent un concert à Clear Lake, dans l'Iowa. Au lieu de continuer sa route en bus, Buddy décide de louer un avion, pour rentrer chez lui chercher du linge propre. Valens et Bopper s'embarquent avec lui. Pris dans une tempête de neige, l'appareil s'écrase dans un champ. Il n'y aura pas de survivant. Buddy avait vingt-deux ans, il avait déjà vendu plus de dix millions de disques.

Aujourd'hui, on ne compte plus les artistes qui ont repris ses chansons, des Beatles (Words Of Love), à Santana (Well All Right), en passant par Linda Ronstadt (It's So Easy) et les Stones (Not Fade Away). Ni ceux qu'il a influencés. Paul McCartney, grand admirateur de Buddy, a racheté tout le catalogue de ses chansons. En 1978, un film inédit en France, The Buddy Holly Story, avec l'acteur Gary Busey, a été réalisé à sa gloire. Quant à cette funeste date du 2 février 1959, on l'appelle désormais « Le jour où la musique est morte… ».