bande dessinée

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Histoire en séquences d'images où le dialogue est inclus, la B.D. est l'aboutissement d'une évolution qui remonte aux illustrations gravées du xve siècle. La répartition du texte, la disposition des images et leur format déterminent le style tout autant que le dessin lui-même.

L'image est, à l'origine, carrée ou rectangulaire, mais, à partir des années 20, on adopte des formats différents, le cadre pouvant même disparaître, remplacé par des espaces blancs. Les premiers " ballons " apparaissent autour de 1900, cernés d'un trait issu de la bouche du personnage. Le dessin est tracé avec de l'encre de Chine à la plume ou au pinceau, les gris sont obtenus avec des trames transparentes et la couleur est appliquée à l'aquarelle.

La forme actuelle de la B.D. est américaine, mais les précurseurs sont européens : le Suisse Töpffer, l'Allemand Busch vers 1850. Le retard des États-Unis est rapidement rattrapé par la vogue des magazines humoristiques (Puck, Judge, Life) ; la littérature illustrée atteint une extension prodigieuse à la fin du xixe s., les " comic strips " envahissant la presse. Elle élargit ensuite son domaine et aborde la féerie, le suspense, les récits mythologiques, la science-fiction. Vers 1910, des auteurs plus ambitieux (Herriman et Sullivan) cherchent une véritable expression à travers ses possibilités formelles et narratives. En 1929, l'apparition de Tarzan, créé par Foster, révolutionne le procédé par l'adoption des techniques du cinéma (gros plans, contre-jours, plongées), tandis que le dessin animé apporte un monde nouveau avec Mickey Mouse de Walt Disney en 1931. Entre 1965 et 1970, la B.D. issue du mouvement hippie (Zap, Fritz the Cat, Freak Brothers) devient violemment satirique, non-conformiste et antigouvernementale. En Europe, hormis le fantastique de Little Nemo, la B.D. reste cantonnée dans les journaux d'enfants, tels Bécassine ou les Pieds nickelés, avant de prendre un nouveau départ avec des créations originales qui ne doivent rien à l'influence américaine : Spirou, Tintin, Lucky Luke, Astérix, Barbarella... Si la B.D. entretient peu de liens avec la peinture, certains artistes (Rauschenberg, Fahlström, Télémaque, Rancillac, Lichtenstein) ont su intégrer ses composants, ouvrant ainsi à la peinture des possibilités immenses du point de vue visuel.