Léopold Sturzwage, dit Survage

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français d'origine russe (Moscou 1879  – Paris 1968).

Il porta son véritable nom jusqu'à la Première Guerre mondiale. Il vint se fixer à Paris en 1908, attiré par la peinture française moderne, qu'il connaissait par la collection Chtchoukine. D'abord élève de Matisse, il subit l'influence de Cézanne puis celle du Cubisme. Employant des éléments figuratifs schématisés, il les associa à des perspectives contradictoires, comme si elles étaient perçues à travers un prisme, vision qui lui avait été suggérée par un spectacle urbain se reflétant dans les miroirs recouvrant la colonne intérieure d'un magasin (Usines, 1914 ; Villefranche-sur-Mer, 1915, Paris, M. N. A. M. ; la Ville, 1921). Cette esthétique devait rester caractéristique de l'art de Survage, encore que le peintre l'ait, à certaines époques, notablement assouplie ou, plus rarement, transgressée. L'artiste a expliqué ses recherches dans un " Essai sur la synthèse plastique de l'espace et son rôle dans la peinture ", publié dans Action (1921).

Ce sont ses " Rythmes colorés " de 1912-1914 (New York, M. O. M. A. ; Paris, M. N. A. M., signalons notamment 20 aquarelles sur papier, dation de la famille Survage en 1979) qui constituent toutefois sa plus intéressante contribution à l'art du xxe s. Exécutés en vue de former les premiers éléments d'une sorte de dessin animé que Survage proposa en 1914 à la société Gaumont — qui retint le projet, mais ne le réalisa pas —, ils représentent en effet une des toutes premières tentatives d'exploitation des possibilités plastiques du cinéma, qui annoncent les expériences de V. Eggeling et H. Richter.

Survage fut également l'auteur de décors pour Mavra, ballet de Diaghilev, et de grands panneaux décoratifs pour le pavillon des Chemins de fer à l'Exposition internationale de 1937, panneaux pour lesquels il reçut une médaille d'or. Survage participa à la Biennale de Venise en 1954. En 1960, il se vit décerner le prix Guggenheim pour sa toile Maternité (1958). Plusieurs expositions lui furent consacrées, au musée de Nîmes (1969), aux musées de Saint-Étienne, des Sables-d'Olonne (1973), de Nice (1975), et, plus récemment, une rétrospective a eu lieu (Troyes, M. A. M.) en 1993.