Félicien Rops

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Graveur et peintre belge (Namur 1833  – Essonnes 1898).

Il se forme à l'Académie de Namur, puis en 1854 à celle de Saint-Luc à Bruxelles, où il se lie avec Artan, Dubois et Ch. De Groux. Il fonde (1856) l'hebdomadaire satirique Uylenspiegel et s'y révèle excellent lithographe, subissant d'abord l'influence de Daumier. En 1868, il participe à la fondation de la Société libre des beaux-arts, attachée à la défense du Réalisme, puis s'établit à Paris en 1874. Son œuvre peint — marines, paysages, figures — porte la marque du fantastique romantique (la Mort au bal, 1870, Otterlo, Kröller-Müller), puis celle de l'Impressionnisme (Plage de la mer du Nord, Bruxelles, M. R. B. A.). Rops dut surtout sa réputation à ses gravures, eaux-fortes et lithos, caractéristiques du climat littéraire de l'époque, transition entre le Romantisme et le Symbolisme, d'un humour grinçant (eaux-fortes des Sataniques, 1874 ; illustrations pour les Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, 1886 ; À un dîner d'athées, frontispice de l'édition belge des Épaves de Baudelaire, 1866). Il fut très lié avec le sâr Peladan. Dans son œuvre, le goût de la modernité et de la séduction féminine particulière qui s'y épanouissait retint l'attention de Baudelaire. Rops témoigne en effet d'un sens aigu de la femme, sans doute de la Parisienne, qu'il représente à sa toilette et dans des attitudes qui annoncent Lautrec (la Femme au cabriolet, Bruxelles, cabinet des Estampes). Sorcière ou prostituée, elle est sûre de son pouvoir sur l'homme et se présente fière d'elle-même (Pornocratès, 1896, eau-forte et aquatinte). À la fin de sa vie, tenté par l'Impressionisme, il a peint de fins paysages clairs et frais (Pont sur la Vesle, Anvers, M. R. B. A.).

L'artiste est représenté dans les musées d'Anvers, de Bruxelles, de Liège et de Namur, où un musée Rops a été créé.