Arnulf Rainer

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre autrichien (Baden, près de Vienne, 1929).

Autodidacte, il aime à rappeler qu'il n'a fréquenté l'Académie des beaux-arts de Vienne que trois jours et l'Académie des arts décoratifs une demi-journée seulement. Il partage son temps entre Vienne et Paris, faisant la connaissance, en 1950, d'artistes de l'avant-garde viennoise, Ernst Fuchs ou Erich Brauer ; il crée le " groupe du chien ", en opposition à l'Art Club de Vienne. Il a exécuté entre 1949 et 1951 des dessins surréalistes géants d'une grande vigueur et représentant de fantastiques paysages sous-marins fourmillant de personnages.

En 1951 parut l'album Perspectives d'anéantissement, dont les feuilles sont recouvertes — peut-être à l'exemple de l'artiste américain Mark Tobey — d'une sorte de trame de végétaux enchevêtrés. Cet album marque le début d'une période abstraite, qui devait se prolonger pendant douze ans. " Il ne peut s'agir aujourd'hui que de représenter la mort et la fin du monde, que d'apposer la signature finale ", déclarait Rainer en 1953.

À une série de dessins exécutés les yeux fermés (Blindmalerei, 1952) succèdent des recouvrements de peintures (Übermalungen), d'abord réalisés sur ses propres toiles puis sur celles d'autres artistes. Ces tableaux, presque entièrement monochromes avec une bordure de couleur préservée (Reduktionen), vont aussi être exécutés dans diverses couleurs en reprenant souvent le thème de la croix (Croix, 1956, Munich, Städische Galerie am Lenbachhaus ; Croix, 1959, Paris, M. N. A. M.). À partir de 1959, il crée avec Hundertwasser et Fuchs, à Vienne, le Pintorarium, véritable " anti-académie ". En 1963, Rainer commence à peindre sur des photographies (reproductions d'œuvres d'art ou de visages), qu'il retravaille au dessin ou à la peinture, procédé qu'il utilise désormais tout au long de sa carrière (Faces-Farces, 1969 ; travaux sur des bustes grecs, 1974-75 ; le sculpteur Messerschmitt, 1977 ; le corps, 1970-1975 ; les masques mortuaires, 1977-78 [Totenmaske, 1978, Paris, M. N. A. M.] ; Van Gogh, 1979 ; Grünewald, 1979 ; Hiroshima, 1982 ; des images du Christ, 1980 ; le visage de Minetti, 1984). L'ensemble de ces œuvres repose sur l'accentuation par le trait ou par la couleur du sens présent dans des images déjà porteuses d'un contenu expressif considérable, avec un intérêt marqué pour les expressions de la souffrance et de la folie (il collectionne depuis 1963 des œuvres d'artistes aliénés), l'image de la mort ainsi que l'expression des mimiques et des physionomies. Parallèlement, Rainer poursuit son œuvre dans des peintures très souvent de couleur rouge, réalisées, à partir de 1973, avec les mains, les doigts ou les pieds, expression picturale proche de l'art corporel des actionnistes viennois. Vers 1982-1984, il réalise avec la même technique des œuvres multicolores très saturées. En 1980, il reprend le thème de la croix dans des peintures, parfois formées de planches croisées. Présent aux Documenta de Kassel en 1972, 1977 et 1982, son œuvre a fait l'objet de rétrospectives à Berlin, N. G., 1980-81, à Paris, M. N. A. M., 1984, à Vienne, Musée historique de la Ville, 1989, et d'expositions (Castres, Centre d'Art contemporain ; Valence, C. R. A. C.) en 1996.