Jacques Callot

Jacques Callot, l'Agonie au jardin des Oliviers
Jacques Callot, l'Agonie au jardin des Oliviers

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Graveur et peintre français (Nancy 1592 – id. 1635).

Après plusieurs fugues en Italie attestées par Félibien, Jacques Callot entra en apprentissage à l'âge de quinze ans chez un orfèvre de Nancy, Demange Crocq, auprès duquel — toujours d'après Félibien — il apprit les " commencements du dessin avec [...] Bellange et Deruet ". Avant 1612, date connue de son installation à Florence, il est à Rome auprès du graveur troyen Philippe Thomassin, qui lui apprend le maniement du burin. Callot restera durant neuf ans à Florence sous la protection de Christine de Lorraine, veuve de Ferdinand Ier, qui gouverna en réalité le duché jusqu'à la mort de son fils Cosme II en 1621. Il y gagna rapidement l'affection du graveur en renom Giulio Parigi et y grava deux de ses chefs-d'œuvre, la Tentation de saint Antoine (v. 1616) et la Foire de l'Impruneta (1620). En 1621, Callot s'établit à Nancy. Il grave les nombreux dessins qu'il a rapportés d'Italie (les Gobbi, les Balli di Sfessania, la Grande Passion) et épouse en 1624 Catherine Kuttinger. Il n'obtient pas pour autant à la cour de Lorraine la première place qu'il ambitionnait, alors occupée par Claude Deruet, peintre officiel depuis 1620 et dont il gravera le portrait en 1632 (dessin préparatoire au Louvre). Après s'être rendu à Breda (1627) pour graver le siège de la ville, il commémora par la même technique, sur la commande de Louis XIII, deux autres sièges : ceux de Saint-Martin-de-Ré et de La Rochelle. Ce fut l'occasion pour l'artiste de faire plusieurs séjours à Paris (entre 1628 et 1631) et de confier à Israël Henriet l'édition de ses planches. Définitivement de retour à Nancy en 1632, Callot devait assister à la fin de l'indépendance du duché de Lorraine, envahi par les troupes de Richelieu et de Louis XIII (1631, 1632, 1633) et dévasté par la peste. Dans ce climat, l'artiste publie ses dernières œuvres : les Désastres de la guerre (1633) et la seconde version de la Tentation de saint Antoine, dédiée à Louis Phélypeaux, seigneur de La Vrillière. Aucun tableau de Callot lui-même n'est parvenu jusqu'à nous, mais rien ne prouve en fait qu'il en ait peint. Ses seuls dessins et gravures le mettent au rang des plus grands maîtres lorrains du xviie s., aux côtés de Claude Gellée, de Georges de La Tour et de Jacques Bellange. Ses gravures, essentiellement ses eaux-fortes (technique qu'il perfectionna), répandues par toute l'Europe, sont d'une maîtrise exceptionnelle. Extrêmement chargées, composées d'innombrables personnages, jamais elles ne sacrifient au détail le sujet lui-même. Mais ce sont surtout ses dessins (en majeure partie conservés à l'Ermitage, au British Museum, à Chatsworth, coll. duc de Devonshire, et aux Offices), dans lesquels il utilise tour à tour toutes les techniques et traite tous les thèmes (théâtre, paysages, sujets religieux et scènes prises sur le vif), qui lui donnent une place exceptionnelle dans l'art français du xviie s. Dynamiques, jouant magistralement de la lumière, d'une spontanéité d'écriture rarement égalée, ils mêlent la malice, l'ironie, la vivacité à l'observation la plus précise d'une cruelle réalité. Bien que ses thèmes soient souvent empruntés aux artistes septentrionaux du xvie s., Callot se montre sensible à un double courant maniériste : celui de la Lorraine du premier quart du xviie s. (Bellange), celui de Florence à la même période (Boscoli et les graveurs de fêtes et d'entrées triomphales). Il ne reniera jamais ce répertoire, qu'il marque toujours de sa forte personnalité. Il est ainsi le dernier grand représentant du maniérisme, dont, cependant, il maîtrisera toujours les excès.

Jacques Callot, l'Agonie au jardin des Oliviers
Jacques Callot, l'Agonie au jardin des Oliviers
Jacques Callot, l'Arbre aux pendus
Jacques Callot, l'Arbre aux pendus
Jacques Callot, le Supplice de la roue
Jacques Callot, le Supplice de la roue