Francesco de' Rossi, dit Francesco Salviati

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Florence 1510  – Rome 1563).

Francesco, dit aussi Cecchino, était fils d'un tisserand de velours florentin. Le nom de Salviati lui vint du cardinal qui fut son premier protecteur lorsqu'il arriva à Rome en 1531.

L'artiste appartient à la génération qui succéda à Pontormo, à Giulio Romano, à Rosso, à Perino del Vaga, et il illustre brillamment la deuxième phase du Maniérisme aux côtés de Primatice, de Bronzino et de Daniele da Volterra. Ami d'enfance de Vasari, avec qui il étudia passionnément les dessins et les œuvres des maîtres de la génération précédente à Florence et plus tard à Rome, il fut marqué par son passage dans l'atelier d'Andrea del Sarto et par l'art de Rosso, ainsi que le montrent ses premières études à la sanguine. Comme beaucoup d'artistes florentins, il compléta sa formation dans un atelier d'orfèvrerie, dont il garda le goût pour les formes compliquées des objets métalliques, qui abondent dans ses peintures. Ainsi que nombre de ses contemporains, il se fit connaître en participant à des décorations temporaires d'apparats : en 1535, il réalisa plusieurs peintures en camaïeu pour un arc de triomphe élevé à Rome lors de la venue de Charles Quint. Mais, dès 1532, il avait exécuté à Rome même une importante Annonciation (S. Francesco a Ripa). Appelé en 1537 par Pier Luigi Farnese, fils du pape Paul III, pour exécuter des décors de fêtes, l'artiste devait rester au service de cette famille jusqu'en 1544. Un séjour à Venise (1539-40), où il travailla pour le patriarche Grimani (plafonds avec Psyché et Apollon) et où il laissa une Déposition de croix (église du Corpus Domini Viaggiù, auj. église de la Vierge-du-Rosaire), l'orienta vers les problèmes de la grande décoration.

Peintre de Saintes Familles (et de la fameuse Charité des Offices) où prédomine l'influence de Parmesan, portraitiste fécond (Portraits d'hommes à la Gal. Colonna à Rome et au K. M. de Vienne), mais encore mal différencié de ses contemporains, Salviati apparaît surtout comme l'un des plus grands décorateurs des années 1540-1560. En 1544, le duc Cosme Ier de Médicis le fit venir à Florence pour décorer la salle d'audience du Palazzo Vecchio ; ces grandes compositions de l'Histoire de Camille sont reliées par un système foisonnant de figures allégoriques, d'éléments naturels agencés avec maîtrise. Une verve épique et fantastique, autrement vibrante que chez Vasari, les anime. Les décorations romaines postérieures, au palais Farnèse (Fastes de la famille Farnèse) et surtout au palais Sacchetti, figurent au premier rang de cette production, caractéristique du xvie s.

Salviati fut fortement attiré par le style monumental de Michel-Ange v. 1550 (peintures à l'Oratorio del Gonfalone), mais ses rapports avec Primatice et la France, où, selon Vasari, il alla en 1554-55, restent mal définis, aucune œuvre n'ayant été conservée de ce séjour (l'Incrédulité de saint Thomas du Louvre provient de la chapelle des Florentins de Lyon). Par son tempérament tourmenté, toujours insatisfait, son imagination prolifique, mais aussi en raison d'un goût raffiné et d'un certain romantisme, Francesco s'apparente à Polidoro da Caravaggio, dont il est le plus sincère héritier. La richesse de son talent s'exerça dans les domaines les plus variés, depuis les projets de tapisseries qu'il réalisa avec Bronzino entre 1546 et 1549 pour la manufacture installée à Florence par Cosme Ier, les illustrations de livres jusqu'aux modèles d'orfèvrerie, et représente la quintessence de la " maniera " italienne et de l'artifice.