Domenico Zampieri, dit il Domenichino, en français le Dominiquin

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Bologne 1581  – Naples 1641).

Après un court apprentissage auprès du maniériste Calvaert, qui le marqua fort peu, il passa à l'académie des Carrache, où il se distingua rapidement comme un dessinateur remarquable. Il travaille alors avec les Carrache à la décoration de l'oratoire de S. Colombano (Descente du Christ aux Limbes, vers 1598-1600). Peu après, il se rend à Rome pour étudier dans le milieu classicisant dominé par Annibale Carracci et collabore avec ce dernier à de nombreux travaux (palais Farnèse : Jeune Fille à la licorne, Narcisse).

Bien qu'il fût conduit à adopter assez tôt une peinture monumentale à sujets nobles, il s'adonna également toute sa vie à la peinture de paysage, le plus souvent en de petites toiles témoignant d'une fraîche observation du réel et d'un sens profond de la beauté de la nature. Ces œuvres, difficiles à dater, trouvent d'ailleurs un écho, tout au long de sa carrière, dans le fond de paysage de nombreuses " pale " d'autels. Les plus beaux exemples de paysages sont le Gué (Rome, Gal. Doria-Pamphili), Saint Jérôme (Glasgow, Art Gal.), les deux Histoires d'Hercule, Herminie chez les bergers et la Fuite en Égypte (tous les quatre au Louvre). Le premier succès public de Dominiquin, une fresque relatant la Flagellation de saint André, peinte dans l'oratoire S. Andrea à S. Gregorio al Celio, fut exécuté en 1609 (en concurrence avec Guido Reni, qui travaillait à la décoration du mur opposé). Viennent ensuite ses deux chefs-d'œuvre : la décoration à fresque de la chapelle des Saints-Nil-et-Barthélemy à l'abbaye de Grottaferrata (Latium), entre 1608 et 1610, et celle de la chapelle Polet, dédiée à sainte Cécile, à Saint-Louis-des-Français (Rome).

Avant d'achever la Vie de sainte Cécile (1612-15), il avait exécuté, pour l'église romaine de S. Girolamo della Carità, un grand tableau d'autel avec la Dernière Communion de saint Jérôme (1614, auj. Vatican). Cette œuvre présente un chromatisme brillant, inusité chez un artiste qui, sauf pour ses paysages, se soumettait habituellement à la rigueur des normes classicisantes élaborées sur l'exemple de l'Antiquité et de Raphaël. Cette même force picturale, particulière à ce moment de son évolution, se retrouve dans les fresques de Saint-Louis-des-Français. Dans le cadre d'une mise en scène calculée sur les modèles fameux de Raphaël, Dominiquin offre ici de vibrantes observations naturalistes, révélant un artiste plus proche de la vie et de la réalité que des images idéales issues des théories de la Beauté qu'il avait lui-même élaborées et que développait alors Giovanni Battista Agucchi.

Au cours des années suivantes, Dominiquin finit par adhérer sans restrictions aux normes classiques, au risque même d'étouffer son inspiration la plus originale sous des réminiscences trop intellectuelles.

De sa meilleure veine créatrice, inspirée par la poétique du Beau idéal, sont nés la Chasse de Diane (1616-17, Rome, Gal. Borghèse), les fresques mythologiques de la villa Aldobrandini de Frascati (1616-18, Londres, N. G.), les fresques de la voûte du chœur de S. Andrea della Valle (Scènes de la vie de saint André, 1622-1627) et quelques beaux portraits (Monsignor Agucchi, York, City Art Gallery). Mais, durant cette période, Dominiquin donne également de nombreuses œuvres qui ne peuvent se situer sur le même plan et reflètent en outre les atteintes d'une crise personnelle qui se révéla sans remède. Il séjourna quelque temps à Fano, plus longtemps à Bologne, enfin à Rome, où le pape Grégoire XV, son concitoyen, l'avait nommé architecte pontifical (1621) et lui avait procuré la commande de la décoration de S. Andrea della Valle. Malgré la mort prématurée de Grégoire XV (1623) et l'ascension de peintres beaucoup plus " modernes ", comme Lanfranco et Pierre de Cortone, Dominiquin continua à recevoir d'importantes commandes pour des tableaux d'autels à Rome. Il quitte cependant cette ville pour se rendre à Naples, où il s'installe en 1630 après avoir accepté la commande de la décoration de la chapelle S. Gennaro, au Dôme. Après un séjour peu heureux, tant sur le plan personnel que sur le plan artistique, il mourut sans avoir achevé cette œuvre et sans avoir obtenu l'estime des peintres napolitains.

Une importante exposition est consacrée à l'artiste (Rome, M. N. di Palazzo Venezia) en 1996-1997.