Messe en si mineur ou Messe en si mineur, BWV 232

Messe pour solistes, chœur et orchestre de Jean-Sébastien Bach (1724-1749).

La Messe en si mineur de Bach est une pièce maîtresse du patrimoine universel. Pourtant, en dépit de son titre générique, elle n'est pas une messe en tant que telle, puisque les parties en ont été composées séparément, et que la tonalité de si mineur, qui est celle du chœur d'entrée du Kyrie, ne se retrouve que dans certains passages du Gloria, du Credo et dans le Benedictus. Écrite pour deux sopranos, contralto, ténor et basse solistes, chœur de quatre à six voix et ensemble instrumental réunissant bois par deux, cor, trois trompettes, timbales, cordes et continuo, l'œuvre occupa le cantor vingt-cinq années durant.

La Messe en si, une composition fractionnée

La genèse de l'œuvre débute le 27 juillet 1733, date à laquelle Bach envoie à Dresde vingt et une parties séparées formant la Missa (Kyrie, Gloria) accompagnées de la dédicace « à Son Altesse Royale et Son Altesse Sérénissime, le Prince-Électeur de Saxe ». Kyrie et Gloria célébraient l'avènement de Friedrich August II, nouvel électeur de Saxe, sur le trône de Pologne sous le nom d'Auguste III. Bach espérait en contrepartie un poste à la Chapelle ducale de Dresde. À la fin des années 1747-1749, le compositeur ajouta à la Missa de 1733 le Symbolum Nicenum, c'est-à-dire le Credo, ainsi qu'Osanna, Benedictus, Agnus Dei et Dona nobis pacem et un Sanctus composé en 1724, année de sa création. Comme à son habitude, Bach reprit des pages antérieurement écrites, les recomposa et les adapta pour aboutir à une messe complète.

La Messe en si, une dimension cuménique

L'œuvre tient à la fois de la confession évangélique, surtout pour la Missa et le Sanctus, et, prise dans sa globalité, de la tradition catholique, avec les cinq parties de l'ordinaire de la messe et la présence dans le Credo des termes peu cuméniques : « Je crois en une Église sainte, catholique et apostolique », confiés à la basse. Mais, à Dresde, capitale catholique de Saxe rivale de Leipzig, cité luthérienne saxonne, cette dualité religieuse s'affirme par la présence de deux chapelles ducales, l'une luthérienne, l'autre catholique. La Messe en si mineur, peut-être reflet de cette ambivalence, acquiert ainsi une dimension cuménique. Elle tient aussi de la « messe napolitaine » ou messe cantate, car elle se divise en vingt-six sections, dont trois pour le Kyrie, huit pour le Gloria, neuf pour le Credo, chacune étant en général conçue comme autant de pièces indépendantes. L'œuvre s'appuie solidement sur des chœurs qui comptent parmi les plus imposants de Bach. L'écriture fuguée y joue un rôle important, mais la forme y est souvent déterminée par une ritournelle orchestrale dans l'esprit de celles qui ouvrent concertos et airs du cantor.

Ce n'est que près d'un siècle après sa composition que l'œuvre est publiée, tout d'abord la Missa, en 1833 chez Nägeli, éditeur à Zurich, puis la partition entière en 1845 par Nägeli et Simrok (Bonn). C'est alors qu'apparaît le titre Die Hole Messe in H-Moll (Grande Messe en si mineur). Bach ne l'entendit jamais en son entier. Il fallut en effet attendre 1859 pour assister à une première exécution publique de l'intégrale de l'œuvre, et ce n'est que dans la dernière décennie du xixe s. que les sociétés chorales commencèrent à l'adopter.